COMPETITION NOUVEAUX TALENTS 2020
Signe de la vitalité du cinéma documentaire, le nombre de films inscrits à notre compétition augmente chaque année. Notre comité de sélection en sélectionne une vingtaine qui témoignent d’une riche diversité de formes et de sujets. Quatre prix sont décernés:
- Prix CORSICA.DOC/VIA STELLA, un pour les longs métrages et un pour les courts et moyens métrages.
- Prix JEUNE PUBLIC un pour les longs métrages et un pour les courts et moyens métrages.
JURY PROFESSIONNEL
PRIX LONG METRAGE
Aswang d'Alyx Ayn Arumpac, 84', Fr/Philippines
MENTION LONG METRAGE
After work de Julia Pinget, 60', Fr
PRIX COURT METRAGE
Mat et les gravitantes de Pauline Penichout, 26', Fr
JURY JEUNE
PRIX LONG METRAGE
The last Hillbilly de Diane Bouzgarrou et Thomas Genkoe, 80', Fr/Qatar
PRIX COURT METRAGE
Blakata
Cinq lycéens et étudiants de Corse formeront le jury "jeune public" qui décernera un prix "long métrage" et un prix "court métrage".
Ce sont : Isolda Lopez, Marie Milbacher, Sandra Massoni, Santiago Bustamante, Valentin Daguisé.
Dans ces conditions difficiles où se sont trouvés les cinéastes depuis le mois de mars, entre confinement et contraintes de tournage, nous pouvions craindre une forte baisse du nombre des films inscrits à notre compétition. Ce sont pourtant près de 350 documentaires qui nous ont été envoyés, parmi lesquels nous avons sélectionné 6 longs métrages et 9 courts métrages qui témoignent d’une riche diversité de forme et de sujet. Tous étant le premier, deuxième ou troisième films d’un ou d’une cinéaste. Ils seront ici en compétition pour les prix CORSICA.DOC : un prix long métrage (+60’) et un prix court métrage (-60’), devant deux jurys. Un jury professionnel et un jury jeune public composé d’étudiants et de lycéens de Corse.
Richard Copans, producteur, réalisateur, directeur de la photographie
Après l’IDHEC (1966-1968) puis Cinélutte (1973-1978), Richard Copans pratique ses trois métiers concomitamment. Directeur de la Photographie à partir de 1980, avec Renaud Victor, Luc Moullet, René Allio, Claire Simon, Robert Kramer, Stan Neumann, etc… Producteur : il fonde Les Films d’Ici en 1978 et produit près de 150 documentaires pour la télévision et une trentaine pour le cinéma (Luc Moullet, Robert Kramer, Stan Neumann, Claire Simon, Denis Gheerbrant, Daniele Incalcaterra) et 67 films pour la collection Architectures avec ARTE. Réalisateur : depuis 1981, il a réalisé 3 courts-métrages et 3 longs-métrages cinéma (Racines, Un Amour, Monsieur Deligny vagabond efficace), une vingtaine de documentaires pour la télévision et 29 films de la collection Architecture.
Dominique Auvray, monteuse, réalisatrice
« Le cinéma, c’est arrivé quand j’avais 15 ans. Il y avait à La Rochelle un garçon que j’aimais beaucoup et qui lui n’aimait que le cinéma. Alors j’ai aimé le cinéma. Voilà. Il est venu à Paris pour faire l’IDHEC, je suis venue moi aussi. Donc le cinéma et des rencontres, Benoît Jacquot, Philippe Garrel, Marguerite Duras, Barbet Schroeder. Et plus tard Claire Denis et Wim Wenders. Et plus tard encore Vincent Dieutre, Nobuhiro Suwa et Pedro Costa. Des beaux films que j’ai aimé monter, Le Camion, Les Mendiants, Liberté La Nuit, Koko le gorille qui parle, S’en fout la mort, Fragments sur la grâce, Un Couple Parfait, Casa de lava, La Chambre de Vanda.(…) Un jour aussi, j’ai eu envie de faire un film. Pour parler de Marguerite Duras, mon amie. J’ai fait Marguerite telle qu’en elle-même. Et un autre film sur elle, Duras et le cinéma. »
Gilles Rousseau, directeur adjoint à la programmation au Forum des images à Paris
Après une maîtrise d'Histoire, il intègre le Centre National des Arts et Métiers et sort diplômé de l’Institut national des sciences et techniques de la documentation (INTD). En 1988, il rejoint l’équipe des documentalistes-programmateurs de la Vidéothèque de Paris. Directeur adjoint de la programmation du Forum des images depuis 2013, il collabore également depuis 9 ans avec le festival Cinélatino, rencontres de Toulouse, en modérant les débats de la plateforme professionnelle « cinéma en construction ».
Antoine Filippi, directeur de la cinémathèque de Corse
Après une longue expérience au Centre national du cinéma et de l’image animée, en premier lieu à la Direction du patrimoine cinématographique (Archives du film) en tant que technicien restaurateur de films, puis chargé de mission au sein du Service de l’action territoriale du CNC, Antoine Filippi a rejoint la Cinémathèque de Corse dont il assure la direction depuis mai 2019.
Marie-Hélène Folacci, adjointe de production à France3 Corse/Via Stella
Après une licence d’espagnol Marie-Hélène Folacci s’oriente dès les années 80 vers le cinéma. Elle y débute comme assistante-monteuse sur plusieurs longs-métrages. Elle collabore par la suite comme monteuse à plusieurs projets destinés à la case documentaire de TF1. Elle rentre en Corse en 1991 et intègre France 3 Corse. Elle y travaille pour l’actualité et pour les magazines Da qui puis Ghjenti. Depuis 2017, elle travaille à Via Stella en tant qu'adjointe de production à la promotion des documentaires produits par la chaîne et à leur diffusion dans les festivals.
LE 18ème CORSICA.DOC: UNE EDITION MAJEURE
Le cinéma est un art jeune, et c’est un regard neuf qu’il porte sur les animaux. Non pas celui qui fut celui de la peinture, empreint de religion, de mysticisme ou de mythologie. Non, c’est un regard profondément troublé que porte les cinéastes sur les « non-humains », prolongeant en cela les interrogations des jeunes philosophes d’aujourd’hui. C’est, modestement, que nous esquisserons cette histoire d’un rapport Homme/Animal par les films choisis ici, en écho aux tableaux du Palais Fesch d’Ajaccio.
Les films de la compétition, eux, ne témoigneront pas moins des graves questions qui traversent notre temps. La guerre, la famille, la vieillesse… les jeunes cinéastes font feu de tout bois pour réaliser de puissants gestes cinématographiques.
Une arche de Noé cinématographique
par Federico Rossin
« Si aujourd’hui nous n’observons plus les animaux, eux n’ont pas cessé de le faire. Ils nous regardent car nous avons, depuis la nuit des temps, vécu en leur compagnie. Ils ont nourri nos rêves, habité nos légendes et donné un sens à nos origines. Ils portent à la fois notre différence et la trace de ce que nous croyons avoir perdu. »
John Berger, Pourquoi regarder les animaux ?
Cette programmation est une traversée à la fois ludique, pensive et visionnaire autour de l'univers des animaux, elle interroge et réactive la relation entre l’homme et l’animal, le lien qui au fil de l’histoire se voit transformé par les nouveaux rapports de production du XX e siècle, réduisant l’animal à l’état de bête avant d’en faire un simple produit de consommation. Mais une nouvelle conscience de la relation entre nous et les animaux commence à émerger depuis quelques années. Et comme toujours le cinéma est un merveilleux miroir pour comprendre notre société par le prisme de son imaginaire et de son esthétique.
Le parcours des séances est une surprenante Arche de Noé cinématographique dans laquelle le public ajaccien pourra faire à la fois une expérience de découverte et de partage. Si Werner Herzog interroge radicalement notre anthropomorphisme dans son Grizzly Man (2005), Frederick Wiseman avec son Zoo (1993) nous plonge dans un microcosme animal reconstruit artificiellement, en miroir ironique et impitoyable de notre société. Barbet Schroeder, dans son Koko, le gorille qui parle (1978), dresse un portrait drôle et terrible de notre fantasme d'omnipotence scientifique et éthique sur le monde animal. Roberto Rossellini a réalisé India (1959) de manière expérimentale : le résultat est une éblouissante tentative de décrire la relation durable et fructueuse entre les hommes et les animaux (éléphants, tigres, singes), à travers une structure à épisodes imprégnée d'une profonde empathie: un film qui nous réconcilie avec la Terre Mère (Matri Bhumi) et nous met au même niveau que tous les êtres vivants.
La distance qui nous sépare des animaux
par Olivia Cooper-Hadjian
Les cinéastes ici cités prennent le parti d’adopter vis-à-vis de l’humain une distance à la mesure de celle qui nous sépare des autres animaux. Les bêtes y conservent tout leur mystère, et nous regagnons une partie du nôtre. Car n’est-il pas étrange d’envoyer des chiens dans l’espace ou d’imbriquer de minuscules insectes dans de grandes machines de pointe pour tenter de percer le secret de leur cognition, et peut-être de leur conscience ?
Si l’exploitation n’est pas absente de ces démarches, ces cinéastes la déjouent par leur geste et rétablissent un lien avec l’animal en se mettant physiquement à sa place : Elsa Kremser et Levin Peter suivent le parcours d’une meute de chiens errants, adoptant leur cadence, dans Space Dogs ; Maud Faivre et Marceau Boré montrent la solitude des insectes scrutés dans Modèle animal. Certains rapports sont plus ambigus, comme le montre Homing, où le dérèglement de l’environnement éveille un effort de réparation par des actes de soin.
Le respect qu’imposent les bêtes se mâtine d’envie, jusqu’à l’absurde : on s’imagine échapper à notre propre condition, en tentant d’imiter leurs talents musicaux dans Langue des oiseaux d’Érik Bullot, ou en s’identifiant à leur pouvoir de séduction dans Los que desean d’Elena López Riera.