UN FESTIVAL GRANDEUR NATURE !!
Un très très grand merci aux bénévoles, aux invités qui sont venus nombreux malgré les difficultés dues aux précautions sanitaires; merci aux salles qui nous ont accueillis, au public qui a été nombreux à nos rendez-vous documentaires durant tout le festival... Merci, merci, merci!
Malgré tout, le festival s'est déroulé dans des conditions que l'on peut dire normales, c'est à dire que nous nous sommes adaptés au mieux à une situation anormale. Et du côté du public, ce fut une sorte de plébiscite: le cinéma, plus que jamais !
LE FESTIVAL 2020
LA NATURE
Une terrible ironie du sort veut que la thématique choisie cette année -le rapport à la nature- soit justement ce à quoi nous voilà confrontés depuis plusieurs mois. Au risque même que le festival ne puisse se tenir dans des conditions « normales ». Malgré le confinement, puis le dé-confinement agrémenté de mesures drastiques pour les salles de cinéma, l’équipe de Corsica.Doc a tenu jusqu’au bout à organiser le festival en « présentiel » comme on dit aujourd’hui. Dans ces conditions restreintes, le programme se trouve lui-même réduit, quelques invités ne pourront nous rejoindre pour cause de quarantaine obligatoire, nous ne pourrons organiser de table ronde sur la thématique du rapport à la nature, mais le débat ne sera évidemment pas clos en quelques jours, et nous le poursuivrons en cours d’année.
Une vingtaine de cinéastes et producteurs invités seront présents pendant le festival pour accompagner leur film. Sont à noter cette année, deux belles avant-premières venues des Etats-Unis et d’Italie, ainsi qu’une première française venue de Lituanie.
LIBRAIRIE
La question du rapport entre culture et nature faisant couler beaucoup d’encre aujourd’hui, un stand libraire sera installé pendant le festival afin de prolonger les débats.
LA COMPETITION "NOUVEAUX TALENTS"
Dans ces conditions difficiles où se sont trouvés les cinéastes depuis le mois de mars, nous nous attendions à une forte baisse du nombre de films inscrits à notre compétition. Ce sont pourtant près de 350 documentaires qui nous ont été envoyés, parmi lesquels nous avons sélectionné 15 courts, moyens et longs métrages qui témoignent d’une riche diversité de formes et de sujets.
LA CARTE BLANCHE A EURODOC
Une carte blanche est offerte à Eurodoc, structure de formation pour les professionnels du documentaire, qui a choisi de montrer l'un des films aidés ces dernières années, Still recording. En présence d'Alexandre Cornu, président d'Eurodoc et de Jacques Bidou, producteur, responsable pédagogique d'Eurodoc. Et de l'un des réalisateurs, et de l'un des cameramen du film.
FILMS EN LIGNE
La plateforme Allindi, crée en août dernier, offre un riche catalogue de films corses et méditerranéens en VoD. Un partenariat de Corsica.Doc avec Allindi permettra de voir ou revoir certains des films de la compétition Nouveaux Talents sur cette plateforme dans la semaine suivant le festival,.
Par ailleurs des abonnements à la plateforme seront offerts aux spectateurs au cours du festival.
www.allindi.com
LE 18ème CORSICA.DOC: UNE EDITION MAJEURE
Le cinéma est un art jeune, et c’est un regard neuf qu’il porte sur les animaux. Non pas celui qui fut celui de la peinture, empreint de religion, de mysticisme ou de mythologie. Non, c’est un regard profondément troublé que porte les cinéastes sur les « non-humains », prolongeant en cela les interrogations des jeunes philosophes d’aujourd’hui. C’est, modestement, que nous esquisserons cette histoire d’un rapport Homme/Animal par les films choisis ici, en écho aux tableaux du Palais Fesch d’Ajaccio.
Les films de la compétition, eux, ne témoigneront pas moins des graves questions qui traversent notre temps. La guerre, la famille, la vieillesse… les jeunes cinéastes font feu de tout bois pour réaliser de puissants gestes cinématographiques.
Une arche de Noé cinématographique
par Federico Rossin
« Si aujourd’hui nous n’observons plus les animaux, eux n’ont pas cessé de le faire. Ils nous regardent car nous avons, depuis la nuit des temps, vécu en leur compagnie. Ils ont nourri nos rêves, habité nos légendes et donné un sens à nos origines. Ils portent à la fois notre différence et la trace de ce que nous croyons avoir perdu. »
John Berger, Pourquoi regarder les animaux ?
Cette programmation est une traversée à la fois ludique, pensive et visionnaire autour de l'univers des animaux, elle interroge et réactive la relation entre l’homme et l’animal, le lien qui au fil de l’histoire se voit transformé par les nouveaux rapports de production du XX e siècle, réduisant l’animal à l’état de bête avant d’en faire un simple produit de consommation. Mais une nouvelle conscience de la relation entre nous et les animaux commence à émerger depuis quelques années. Et comme toujours le cinéma est un merveilleux miroir pour comprendre notre société par le prisme de son imaginaire et de son esthétique.
Le parcours des séances est une surprenante Arche de Noé cinématographique dans laquelle le public ajaccien pourra faire à la fois une expérience de découverte et de partage. Si Werner Herzog interroge radicalement notre anthropomorphisme dans son Grizzly Man (2005), Frederick Wiseman avec son Zoo (1993) nous plonge dans un microcosme animal reconstruit artificiellement, en miroir ironique et impitoyable de notre société. Barbet Schroeder, dans son Koko, le gorille qui parle (1978), dresse un portrait drôle et terrible de notre fantasme d'omnipotence scientifique et éthique sur le monde animal. Roberto Rossellini a réalisé India (1959) de manière expérimentale : le résultat est une éblouissante tentative de décrire la relation durable et fructueuse entre les hommes et les animaux (éléphants, tigres, singes), à travers une structure à épisodes imprégnée d'une profonde empathie: un film qui nous réconcilie avec la Terre Mère (Matri Bhumi) et nous met au même niveau que tous les êtres vivants.
La distance qui nous sépare des animaux
par Olivia Cooper-Hadjian
Les cinéastes ici cités prennent le parti d’adopter vis-à-vis de l’humain une distance à la mesure de celle qui nous sépare des autres animaux. Les bêtes y conservent tout leur mystère, et nous regagnons une partie du nôtre. Car n’est-il pas étrange d’envoyer des chiens dans l’espace ou d’imbriquer de minuscules insectes dans de grandes machines de pointe pour tenter de percer le secret de leur cognition, et peut-être de leur conscience ?
Si l’exploitation n’est pas absente de ces démarches, ces cinéastes la déjouent par leur geste et rétablissent un lien avec l’animal en se mettant physiquement à sa place : Elsa Kremser et Levin Peter suivent le parcours d’une meute de chiens errants, adoptant leur cadence, dans Space Dogs ; Maud Faivre et Marceau Boré montrent la solitude des insectes scrutés dans Modèle animal. Certains rapports sont plus ambigus, comme le montre Homing, où le dérèglement de l’environnement éveille un effort de réparation par des actes de soin.
Le respect qu’imposent les bêtes se mâtine d’envie, jusqu’à l’absurde : on s’imagine échapper à notre propre condition, en tentant d’imiter leurs talents musicaux dans Langue des oiseaux d’Érik Bullot, ou en s’identifiant à leur pouvoir de séduction dans Los que desean d’Elena López Riera.