Pour sa troisième édition, le festival international du documentaire d’Ajaccio a choisi de centrer sa programmation sur le thème des «Migrations», symptômes de la brutalité de notre monde contemporain, mais aussi mouvements fondateurs de l’humanité qui, au gré de l’Histoire, ont parfois viré du vital au tragique. Pendant cinq jours, plus de trente films invités décrypteront, chacun à sa manière, ces grandes aventures migratoires. Suivant l’épopée transhumante d’une tribu kurde, le parcours d’un réfugié politique, le voyage initiatique d’un vieux violoniste, l’exil forcé par la violence d’une occupation… ces films dessinent les trajets croisés de voyageurs, migrants, nomades, exilés. Autant d’odyssées modernes tissées de tragique et d’espoir.
« Migrations »: Une programmation polyphonique de films du patrimoine et films récents, films documentaires et films de fiction. Tous formant ce cinéma du réel qui donne à voir et à penser le monde. Des avant-premières : La Forteresse de Fernand Melgar, Les Arrivants de Patrice Chagnard et Claudine Bories. Des films du patrimoine : America, America d’Elia Kazan (1964), Italian-American de Martin Scorcese (1974), Récits d’Ellis Island de Robert Bober et Georges Perec (1979). Des films contemporains : Voyage en sol majeur de Giorgi Lazarevski (2006), La traversée d’Elizabeth Lieuvrey (2006). Et de nombreuses découvertes de jeunes talents.
Compétition Premier film. Une quinzaine de films seront en lice pour deux prix : le prix « Corsica.Doc » (jury professionnel), le prix « Jeune Public » (jury de lycées et étudiants corses). Chacun doté de 1500 €.
Le jury professsionnel sera présidé par le réalisateur Georgi Lazarevski. Les autres membres sont Anne-Marie Faux (réalisatrice), Pascale Risterrucci (enseignante de cinéma à Paris VIII), Habiba Djahnine (réalisatrice et délélguée du festival de Bejaia), Laurent Simonpoli (producteur à France 3 Corse).
Soirée d’ouverture avec Shawaks du cinéaste turc Kazim Oz. Une transhumance épique à travers les montagnes kurdes. Une avant-première en présence du réalisateur et de sa productrice.
Soirée de clôture avec le palmarès de la compétition « Premier Film » et la diffusion des deux films primés.
Outre les débats avec les réalisateurs à l’issue des projections, trois conférences sont programmées dans le hall du Palais des Congrès. « Histoire et mémoire d’immigration en Corse », animée par Marie Poinsot, rédactrice en chef de la revue Hommes et Migrations et responsable des éditions de la Cité de l’immigration, en partenariat avec l’Acsè de Corse. « Cinéma et migrations », animée par Corsica.Doc et Stéphanie Alexandre, la responsable audiovisuelle de la Cité de l’immigration. «Les ateliers Varan en Corse ? », animée par Jean-Noël Cristiani, responsable et co-fondateur des Ateliers Varan.
Une quinzaine de films seront en lice pour deux prix : le prix « Corsica.Doc » (jury professionnel), le prix « Jeune Public » (jury de lycées et étudiants corses). Chacun doté de 1500 €.
Le jury professsionnel sera présidé par le réalisateur Georgi Lazarevski. Les autres membres sont Anne-Marie Faux (réalisatrice), Pascale Risterrucci (enseignante de cinéma à Paris VIII), Habiba Djahnine (réalisatrice et délélguée du festival de Bejaia), Laurent Simonpoli (producteur à France 3 Corse).
Le cinéaste algérien Tariq Teguia avec la programmation de ses quatre films, deux courts métrages documentaires mis en regard avec ses deux fictions (Rome plutôt que vous et Inland).
* Le cinéaste français Emmanuel Finkiel avec Nulle part, terre promise.
* Le cinéaste russe Sergueï Dvortsevoy avec deux documentaires: Paradise (1996) et Highway (1999).
* Le cinéaste palestinien Michel Khleifi avec le court métrage Maaloul fête sa destruction (1985)
* Le cinéaste belgo-macédonien Georgi Lazarevski avec deux films, Voyage en sol majeur (2006), le Jardin de Jad (2008).
Carte blanche. Le Festival de Bejaia (Algérie) est notre invité cette année. Un jeune festival qui travaille essentiellement à l’organisation d’ateliers d’initiation à la réalisation. Au programme, deux films algériens : La Chine est encore loin de Malek Bensmaïl et Lettre à ma sœur de Habiba Dhjanine. En présence des responsables du festival et de la réalisatrice.
Trois ateliers. Un atelier scolaire pour les collégiens et lycéens d’Ajaccio animé par l’association Périphérie. Un atelier d’initiation destiné aux amateurs du documentaire animé par l’association Documentaire sur Grand Ecran. Un atelier « projets » destiné à aider la mise en chantier de films produits en Corse, animé par Marie Balducchi (productrice à Agat Films) et Morad Kartobi (responsable du court métrage au CNC).
Exposition. Durant toute la durée du festival, le hall du Palais des Congrès accueillera une exposition de photographies de Jacques Maton : « Roms et Gitans en Corse ».
Soirées cabaret. A l’issue des projections, des musiciens animeront le bar installé dans le hall du Palais des Congrès. La musique de la soirée de clôture est confiée à RKK (Rémy Kolpa Kopoul) de Radio Nova, fameux ambianceur latino.
LE 18ème CORSICA.DOC: UNE EDITION MAJEURE
Le cinéma est un art jeune, et c’est un regard neuf qu’il porte sur les animaux. Non pas celui qui fut celui de la peinture, empreint de religion, de mysticisme ou de mythologie. Non, c’est un regard profondément troublé que porte les cinéastes sur les « non-humains », prolongeant en cela les interrogations des jeunes philosophes d’aujourd’hui. C’est, modestement, que nous esquisserons cette histoire d’un rapport Homme/Animal par les films choisis ici, en écho aux tableaux du Palais Fesch d’Ajaccio.
Les films de la compétition, eux, ne témoigneront pas moins des graves questions qui traversent notre temps. La guerre, la famille, la vieillesse… les jeunes cinéastes font feu de tout bois pour réaliser de puissants gestes cinématographiques.
Une arche de Noé cinématographique
par Federico Rossin
« Si aujourd’hui nous n’observons plus les animaux, eux n’ont pas cessé de le faire. Ils nous regardent car nous avons, depuis la nuit des temps, vécu en leur compagnie. Ils ont nourri nos rêves, habité nos légendes et donné un sens à nos origines. Ils portent à la fois notre différence et la trace de ce que nous croyons avoir perdu. »
John Berger, Pourquoi regarder les animaux ?
Cette programmation est une traversée à la fois ludique, pensive et visionnaire autour de l'univers des animaux, elle interroge et réactive la relation entre l’homme et l’animal, le lien qui au fil de l’histoire se voit transformé par les nouveaux rapports de production du XX e siècle, réduisant l’animal à l’état de bête avant d’en faire un simple produit de consommation. Mais une nouvelle conscience de la relation entre nous et les animaux commence à émerger depuis quelques années. Et comme toujours le cinéma est un merveilleux miroir pour comprendre notre société par le prisme de son imaginaire et de son esthétique.
Le parcours des séances est une surprenante Arche de Noé cinématographique dans laquelle le public ajaccien pourra faire à la fois une expérience de découverte et de partage. Si Werner Herzog interroge radicalement notre anthropomorphisme dans son Grizzly Man (2005), Frederick Wiseman avec son Zoo (1993) nous plonge dans un microcosme animal reconstruit artificiellement, en miroir ironique et impitoyable de notre société. Barbet Schroeder, dans son Koko, le gorille qui parle (1978), dresse un portrait drôle et terrible de notre fantasme d'omnipotence scientifique et éthique sur le monde animal. Roberto Rossellini a réalisé India (1959) de manière expérimentale : le résultat est une éblouissante tentative de décrire la relation durable et fructueuse entre les hommes et les animaux (éléphants, tigres, singes), à travers une structure à épisodes imprégnée d'une profonde empathie: un film qui nous réconcilie avec la Terre Mère (Matri Bhumi) et nous met au même niveau que tous les êtres vivants.
La distance qui nous sépare des animaux
par Olivia Cooper-Hadjian
Les cinéastes ici cités prennent le parti d’adopter vis-à-vis de l’humain une distance à la mesure de celle qui nous sépare des autres animaux. Les bêtes y conservent tout leur mystère, et nous regagnons une partie du nôtre. Car n’est-il pas étrange d’envoyer des chiens dans l’espace ou d’imbriquer de minuscules insectes dans de grandes machines de pointe pour tenter de percer le secret de leur cognition, et peut-être de leur conscience ?
Si l’exploitation n’est pas absente de ces démarches, ces cinéastes la déjouent par leur geste et rétablissent un lien avec l’animal en se mettant physiquement à sa place : Elsa Kremser et Levin Peter suivent le parcours d’une meute de chiens errants, adoptant leur cadence, dans Space Dogs ; Maud Faivre et Marceau Boré montrent la solitude des insectes scrutés dans Modèle animal. Certains rapports sont plus ambigus, comme le montre Homing, où le dérèglement de l’environnement éveille un effort de réparation par des actes de soin.
Le respect qu’imposent les bêtes se mâtine d’envie, jusqu’à l’absurde : on s’imagine échapper à notre propre condition, en tentant d’imiter leurs talents musicaux dans Langue des oiseaux d’Érik Bullot, ou en s’identifiant à leur pouvoir de séduction dans Los que desean d’Elena López Riera.