FESTIVAL
CORSICADOC #10 TOUT POUR LA MUSIQUE
C’est sur une note de musique que Corsica.Doc fête son dixième anniversaire. Dix ans que nous œuvrons à la diffusion du cinéma documentaire en Corse. Un travail patient et exigeant pour faire connaître l’un des pans les plus créatifs et les plus nécessaires du cinéma aujourd’hui. C’est pourquoi cette note de musique de nos dix ans, rageuse, bluesy, rock ou baroque, sonnera fortissimo.
Des musiciens remarquables comme Chet Baker, Jimi Hendrix, les Stones, Jean-Sebastien Bach, Franck Zappa nous accompagnerons au long de ces quatre jours de festival. Des musiciens saisis dans leur art par d’autres artistes remarquables : les cinéastes Jean-Luc Godard, Jean-Marie Straub et Danièle Huillet, D.A. Pennebaker, Bruce Weber, Karim Dridi… De purs moments d’amour de la musique. Pour donner le la de cette édition finalement très rock: en ouverture, le portrait sans paillettes mais tout en justesse et en énergie d’un gars du pays, Henry Padovani, guitariste fondateur de Police avec Sting : Rock’n roll… of Corse !
Mais la musique dit bien plus que la musique et ces films nous font regarder avec plus d’acuité encore la réalité de notre monde. C’est avec une énergie décuplée que nous accueillerons les films de la compétition Nouveaux Talents. Des films de jeunes réalisateurs qui portent un regard piquant, critique et vital sur ce qui nous entoure : l’exil, la migration, la guerre, l’amitié, l’art… Dix films nécessaires pour penser le monde et qui s’ajoutent aux dix sept films pour chanter et danser le monde. Un beau programme, non ?
Martin Scorsèse // 2008 // 120'
Florence Strauss // 2006 // 85'
Karim Dridi // 2000 // 93'
Jean- Luc Painlevé // 1958 // 14'
Jean- Luc Godard // 1968 // 96'
Anastasia Mordin & Lidia Terki // 2013 // 73'
Bruce Weber // 1988 // 120'
Tessa Joosse // 2009 // 9'
D. A Pennebaker // 1973 // 73'
Jean Rouch // 1971 // 8'
William Klein // 1969 // 110'
Jean- Marie Straub & Danièle Huillet // 1968 // 92'
Eric Pauwels // 1986 // 12'
Thorsten Schutte // 2016 // 90'
D.A Pennebaker // 1986 // 50'
Le jury du 10ème CORSICA.DOC, présidé par Emilie Brisavoine, avec pour membres, Hervé Gauville, Hicham Falah, Mélanie Manigand, Corine Rovina, a décerné les prix suivants:
Membres: Anastasia Tirroloni (LP Jules Antonini), Joseph Chiron-Salicetti (lycée Laetitia), Maxime Meil (Université Corte), Timothy Leoncini (Université Corte), Marion Patris de Breuil (Université Corte).
Rock'n Roll... of Corse !
(2016, Fr, 90') Le film donnera le coup d’envoi du festival. Un réjouissant portrait d’Henry Padovani, rocker parti de son village de Luri à l’assaut du Swinging London.
Séance accompagnée d'une rencontre avec les deux réalisateurs Lionel Guedj & Stéphane Bébert, et Henry Padovani.
Suivie d'un "boeuf" avec Jean-Jacques Burnel (leader des Stranglers)
& cocktail.
Compétition « Nouveaux Talents » : Dix films, courts, moyens et longs métrages, premiers ou deuxièmes films, en compétition pour les prix Corsica.Doc/Via Stella et le prix
« jeune public ».
Des portraits des stars de la musique photographiés selon un procédé ritualisé : un processus de prise de vue à travers un miroir cerné d’ampoules, rappelant le miroir des stars. « I’ll be your Mirror » chantait Nico, l’une de ses égéries.
► Production/distribution de films en région
► Une nouvelle plateforme documentaire : Tënk
► Musique et cinéma
Chaque soir, un groupe corse animera l’Espace Diamant. Jazz manouche avec Arnaud Giacomoni et Jean-Jacques Gristi, trad avec Carmin Belgodère, rock avec The G… et
samedi soir, Tristan Francoz aux platines !
LE 18ème CORSICA.DOC: UNE EDITION MAJEURE
Le cinéma est un art jeune, et c’est un regard neuf qu’il porte sur les animaux. Non pas celui qui fut celui de la peinture, empreint de religion, de mysticisme ou de mythologie. Non, c’est un regard profondément troublé que porte les cinéastes sur les « non-humains », prolongeant en cela les interrogations des jeunes philosophes d’aujourd’hui. C’est, modestement, que nous esquisserons cette histoire d’un rapport Homme/Animal par les films choisis ici, en écho aux tableaux du Palais Fesch d’Ajaccio.
Les films de la compétition, eux, ne témoigneront pas moins des graves questions qui traversent notre temps. La guerre, la famille, la vieillesse… les jeunes cinéastes font feu de tout bois pour réaliser de puissants gestes cinématographiques.
Une arche de Noé cinématographique
par Federico Rossin
« Si aujourd’hui nous n’observons plus les animaux, eux n’ont pas cessé de le faire. Ils nous regardent car nous avons, depuis la nuit des temps, vécu en leur compagnie. Ils ont nourri nos rêves, habité nos légendes et donné un sens à nos origines. Ils portent à la fois notre différence et la trace de ce que nous croyons avoir perdu. »
John Berger, Pourquoi regarder les animaux ?
Cette programmation est une traversée à la fois ludique, pensive et visionnaire autour de l'univers des animaux, elle interroge et réactive la relation entre l’homme et l’animal, le lien qui au fil de l’histoire se voit transformé par les nouveaux rapports de production du XX e siècle, réduisant l’animal à l’état de bête avant d’en faire un simple produit de consommation. Mais une nouvelle conscience de la relation entre nous et les animaux commence à émerger depuis quelques années. Et comme toujours le cinéma est un merveilleux miroir pour comprendre notre société par le prisme de son imaginaire et de son esthétique.
Le parcours des séances est une surprenante Arche de Noé cinématographique dans laquelle le public ajaccien pourra faire à la fois une expérience de découverte et de partage. Si Werner Herzog interroge radicalement notre anthropomorphisme dans son Grizzly Man (2005), Frederick Wiseman avec son Zoo (1993) nous plonge dans un microcosme animal reconstruit artificiellement, en miroir ironique et impitoyable de notre société. Barbet Schroeder, dans son Koko, le gorille qui parle (1978), dresse un portrait drôle et terrible de notre fantasme d'omnipotence scientifique et éthique sur le monde animal. Roberto Rossellini a réalisé India (1959) de manière expérimentale : le résultat est une éblouissante tentative de décrire la relation durable et fructueuse entre les hommes et les animaux (éléphants, tigres, singes), à travers une structure à épisodes imprégnée d'une profonde empathie: un film qui nous réconcilie avec la Terre Mère (Matri Bhumi) et nous met au même niveau que tous les êtres vivants.
La distance qui nous sépare des animaux
par Olivia Cooper-Hadjian
Les cinéastes ici cités prennent le parti d’adopter vis-à-vis de l’humain une distance à la mesure de celle qui nous sépare des autres animaux. Les bêtes y conservent tout leur mystère, et nous regagnons une partie du nôtre. Car n’est-il pas étrange d’envoyer des chiens dans l’espace ou d’imbriquer de minuscules insectes dans de grandes machines de pointe pour tenter de percer le secret de leur cognition, et peut-être de leur conscience ?
Si l’exploitation n’est pas absente de ces démarches, ces cinéastes la déjouent par leur geste et rétablissent un lien avec l’animal en se mettant physiquement à sa place : Elsa Kremser et Levin Peter suivent le parcours d’une meute de chiens errants, adoptant leur cadence, dans Space Dogs ; Maud Faivre et Marceau Boré montrent la solitude des insectes scrutés dans Modèle animal. Certains rapports sont plus ambigus, comme le montre Homing, où le dérèglement de l’environnement éveille un effort de réparation par des actes de soin.
Le respect qu’imposent les bêtes se mâtine d’envie, jusqu’à l’absurde : on s’imagine échapper à notre propre condition, en tentant d’imiter leurs talents musicaux dans Langue des oiseaux d’Érik Bullot, ou en s’identifiant à leur pouvoir de séduction dans Los que desean d’Elena López Riera.