De Patrizio Guzman (2010, 90', Fr./Chili). Au Chili, les astronomes venus du monde entier se rassemblent dans le désert d’Atacama pour observer les étoiles. C’est aussi le lieu où la sécheresse du sol conserve les restes humains : ceux des momies, des explorateurs et des mineurs. Mais aussi, ceux des prisonniers politiques tués sous la dictature de Pinoche.
De Yolande Zauberman (1987, 60', Fr/Afrique du Sud). Tourné clandestinement dans l'Afrique du Sud de l'Apartheid, ce film suit un homme qui se "croyait" blanc et se retrouve "classé" métis. Avec sa femme, noire, ils racontent, avec humour et complicité, leur histoire dans un pays qui niait les droits de l'homme.
En présence de la réalisatrice
De Jean Rouch (1972, 72', Fr.). A Niamey, pendant 7 jours, se déroule le "Horendi", rituel au cours duquel se recrutent les "chevaux des génies" (danseurs de possession). Deux jeunes femmes malades sont alors initiés. Un film rare dans la lignée du "ciné-transe" inventé par Rouch.
de Pierre Marie Goulet (2006, 105', Fr./Portugal). 1957. Un groupe de paysans de l'Alentejo portugais, est enregistré par le poète António Reis. 1959, le Corse Michel Giacometti commence une
collecte de 30 ans de la musique traditionnelle portugaise. Allers-retours entre la Corse et
le Portugal.
De Marcel Hanoun (1967, 70',Fr.). Etabli dans la capitale espagnole pour réaliser un documentaire, Hanoun ébauche, sous nos yeux, les diverses étapes d’un film en gestation. L’auteur transforme ses doutes, et les conditions difficiles de travail, en maté́riaux constitutifs de l’oeuvre. Un des premiers films-essais du cinéma français.
De Andrei Ujica (1996, 95', All./Fr/Russie). En mai 1991, les cosmonautes soviétiques de la mission Ozon sont envoyés sur la station orbitale MIR. Tandis que le commandant revient sur terre à la date fixée, c'est à dire cinq mois plus tard, Krikalev, contraint par les circonstances politiques, passe près de dix mois à bord. Parti de l'URSS, il revient en Russie.
De Ben Russell (2011, 11', Etats Unis).Filmés en une seule prise sur un fleuve sacré du Haut Suriname, le quotidien secret d'un animiste saramaccain nous est révélé pendant que le temps lui-même se défait.
De Vincent Dieutre (2012, 83', Fr). Depuis la fenêtre de l'appartement de son amant Simon, Vincent Dieutre découvre le quotidien d'un camp de réfugiés afghans. Avec son amie Eva Truffaut, il commente ces images qui bouleversent leur univers parisien.
En présence du réalisateur
De Jean-Gabriel Périot (2012, 7', Fr.) Sept minutes d'images d'archives sur les Black Panthers, sur fond de musique post-punk. Une pure injection d'énergie politique, sans commentaire, sur les jeunes leaders du mouvement afro-américain né en 1966 en Californie.
De André S.Labarthe (1995, 52', Fr). Pour le centenaire du cinéma, «inventé» le 19 mars 1895, André S. Labarthe avait sélectionné soixante films réalisés par Louis Lumière et ses opérateurs. Où l'on retrouve l'émotion des premiers temps du cinéma.
En présence du réalisateur
De Jean Rouch (1956, 28', Fr./Ghana). Le film met en scène, comme jamais on ne l'a vu, les rites de possession au Niger, dans la secte des Haoukas. Rouch y invente la "ciné-transe", une manière de filmer caméra à l'épaule en participant aux événements filmés. Un film qui suscita la controverse chez ses collègues ethnologues.
De Jérôme Le Maire (2011,
80', Belg.). L'histoire épique de l'arrivée de l'électricité dans un village du Haut Atlas marocain. Durant trois ans, le réalisateur a filmé ce lent désenclavage, la découverte par les habitants
du confort moderne:émerveillement devant l'ampoule et perplexité devant l'écran de télé.
De Ben Russell (2010, 10', Etats Unis). Le film retrace, par une longue prise de vue intime, la défonce d'une jeune femme sous LSD dans le parc national Badlands, puis finit par transformer les paysages désertiques en une abstraction formelle et psychédélique.
De Fernand Melgar (2012, 104', Suisse). Centre de détention administrative de Frambois, à Genève. Durant 9 mois, le réalisateur a suivi les demandeurs d'asile en Suisse et le personnel encadrant. Derrière la façade policée, voire "humaine", règne la violence des humiliantes procédures d'expulsion.
De Pier Paolo Pasolini (1968, 34', Ital.). « Je ne suis pas ici pour faire un documentaire ou un reportage sur l'Inde mais un film sur un film sur l'Inde. » Un pays qui offrait à Pasolini un laboratoire idéal pour construire et éprouver ses réflexions sur le passé et la révolution.
De Jean Rouch (1977, 17', Fr./Mozambique). A Maputo au Mozambique, tous les matins, les ouvriers chantent et dansent dans la cour de l'usine. Ils chantent en fanakalo, langue secrète inventée à l’époque où ces travailleurs étaient engagés dans les mines d’or d’Afrique du sud. Et célèbrent là la nouvelle république indépendante du Mozambique.
De Ben Russell (2007, 12', Etats Unis). Le troisième volet d'une série qui traite des phénomènes psychédéliques produits de manière naturelle. Tourné pendant une performance du groupe de noise-rock Lightning Bolt, originaire de Rhode Island.
De Pier Paolo Pasolini (1971-1974, 13', Ital.). Dans ce documentaire sur la capitale du Yémen, Pasolini dénonce la disparition d'un patrimoine artistique sur le point d'être détruit par la spéculation immobilière. «Les problèmes de Sana'a, dit-il, je les ressentais comme les miens propres. »
de Sylvain George (2012, 84', Fr).
Une cartographie de la violence infligée aux personnes migrantes, de la répétition de la geste coloniale, et du caractère inacceptable du “monde comme il va”. Un travail allie recherche formelle
et engagement militant.
De Sophie Bachelier (2012, 54', Fr.). Les émigrés sénégalais laissent derrière eux des êtres chers. Des épouses. Des mères. Ce sont leurs voix singulières que l’on entend là. Dans l'intimité d’un face à face dépouillé, elles livrent une parole bouleversante de retenue.
A la fin des années soixante, Agnès Varda la glaneuse a su cueillir avec humour et sensibilité la vitalité politique et artistique des Amériques en lutte
D'Agnès Varda (1968, 28', Fr.). En été 68, les Black Panthers d’Oakland ont organisé des rallies d’information sur le procès d’un de leurs leaders, Huey Newton. Il s'agissait de mobiliser les consciences noires à l’occasion de ce procès politique.
d'Agnès Varda (1958, 22', Fr.). Portrait du peintre grec Jean Varda, oncle de la cinéaste. Dans les faubourgs de San Francisco, centre intellectuel et coeur de la bohème, il navigue à la voile latine et peint des villes célestes byzantines.
D'Agnès Varda (1964, 30', Fr.). Invitée par l’institut de cinéma cubain, Agnès Varda ramène de l'île mille huit cents photos en noir et blanc. Elle en fait un documentaire didactique et divertissant. Fidel et des musiciens, socialisme et cha-cha-cha.
Filmer tout en résistant à l'occupant, au dictateur, au diktat de la tradition... c'est le quotidien de nombre de cinéastes au Proche-Orient depuis des décennies. En voici quelques fragments vifs.
De Omar Amiralay (2003, 46', Syr.).
Autour du "Lac Assad" s'étend un pays : la Syrie de Hafez el-Assad. Un village, ses habitants, et jusqu'à son point d'eau, portent tous le même nom "El Machi". Ce village est à l'image d'un pays que le parti Baas façonne depuis quarante ans, sans partage.
De Avi Moghrabi (2004, 13', Israël). Fait divers ordinaire dans les territoires occupés. Une famille palestinienne veut se rendre à l'hôpital : un blindé israélien l'empêche de passer. Entre la masse aveugle du blindé et les silhouettes fragiles des hommes, la caméra de Moghrabi...
De Clarisse Hahn (2012, 98', Fr.). Clarisse Hahn découvre d'un coup sa belle famille et le Kurdistan, une zone sinistrée, immobilisée par la guerre et la misère économique. Elle filme un quotidien où le paganisme régit le rapport aux choses et à la vie, le magique se mêlant au trivial. Le drôle et le crû.
De Ernad Burnat & Guy Davidi (2012, 90', Israel/Palest/Fr.). Dans son village, Bil’in en Cisjordanie, où s’érige le « mur de séparation », Emad n’a cessé de filmer depuis la naissance de son fils. Ses cinq caméras cassées l’une après l’autre livrent la chronique quotidienne d'un territoire en résistance contre l'occupation israëlienne.
De Omar Amiralay (1997, 17', Syr.). « La première fois que j'ai entendu parler d'Israël, c'était à Beyrouth, et à propos d'un plat de sardines. J'avais 6 ans, Israël avait 2 ans. » Le plat de sardines trônait sur la table de la tante du cinéaste, à Beyrouth...
De Pier Paolo Pasolini (1963, 55', Ital.). Le premier film-essai de Pasolini: une démarche unique dans l'histoire du cinéma, le film carnet de notes. Parti sur les traces du Christ, le cinéaste cherche dans les lieux et les habitants la confirmation du fait historique.
De Namir Abdel Messeeh (2012, 91', Fr/Quatar/Egypt). Namir part en Égypte, son pays d'origine, faire un film sur les apparitions miraculeuses de la Vierge au sein de la communauté copte chrétienne. Très vite l'enquête lui sert de prétexte pour revoir sa fa636214mille, et pour impliquer tout le village dans une rocambolesque mise en scène…
De Yolande Zauberman et Selim Nassib (2012, 85', Fr/Israel). La cinéaste a écumé les clubs de Tel-Aviv en posant la même question: feriez-vous l'amour avec un Arabe? ou sa variante, adressée aux Arabes israéliens : feriezvous
l'amour avec un Juif ? En déplaçant le conflit sur la carte du désir, la documentariste nous amène à interroger nos peurs, nos tabous.
En présence des réalisateurs.
LE 18ème CORSICA.DOC: UNE EDITION MAJEURE
Le cinéma est un art jeune, et c’est un regard neuf qu’il porte sur les animaux. Non pas celui qui fut celui de la peinture, empreint de religion, de mysticisme ou de mythologie. Non, c’est un regard profondément troublé que porte les cinéastes sur les « non-humains », prolongeant en cela les interrogations des jeunes philosophes d’aujourd’hui. C’est, modestement, que nous esquisserons cette histoire d’un rapport Homme/Animal par les films choisis ici, en écho aux tableaux du Palais Fesch d’Ajaccio.
Les films de la compétition, eux, ne témoigneront pas moins des graves questions qui traversent notre temps. La guerre, la famille, la vieillesse… les jeunes cinéastes font feu de tout bois pour réaliser de puissants gestes cinématographiques.
Une arche de Noé cinématographique
par Federico Rossin
« Si aujourd’hui nous n’observons plus les animaux, eux n’ont pas cessé de le faire. Ils nous regardent car nous avons, depuis la nuit des temps, vécu en leur compagnie. Ils ont nourri nos rêves, habité nos légendes et donné un sens à nos origines. Ils portent à la fois notre différence et la trace de ce que nous croyons avoir perdu. »
John Berger, Pourquoi regarder les animaux ?
Cette programmation est une traversée à la fois ludique, pensive et visionnaire autour de l'univers des animaux, elle interroge et réactive la relation entre l’homme et l’animal, le lien qui au fil de l’histoire se voit transformé par les nouveaux rapports de production du XX e siècle, réduisant l’animal à l’état de bête avant d’en faire un simple produit de consommation. Mais une nouvelle conscience de la relation entre nous et les animaux commence à émerger depuis quelques années. Et comme toujours le cinéma est un merveilleux miroir pour comprendre notre société par le prisme de son imaginaire et de son esthétique.
Le parcours des séances est une surprenante Arche de Noé cinématographique dans laquelle le public ajaccien pourra faire à la fois une expérience de découverte et de partage. Si Werner Herzog interroge radicalement notre anthropomorphisme dans son Grizzly Man (2005), Frederick Wiseman avec son Zoo (1993) nous plonge dans un microcosme animal reconstruit artificiellement, en miroir ironique et impitoyable de notre société. Barbet Schroeder, dans son Koko, le gorille qui parle (1978), dresse un portrait drôle et terrible de notre fantasme d'omnipotence scientifique et éthique sur le monde animal. Roberto Rossellini a réalisé India (1959) de manière expérimentale : le résultat est une éblouissante tentative de décrire la relation durable et fructueuse entre les hommes et les animaux (éléphants, tigres, singes), à travers une structure à épisodes imprégnée d'une profonde empathie: un film qui nous réconcilie avec la Terre Mère (Matri Bhumi) et nous met au même niveau que tous les êtres vivants.
La distance qui nous sépare des animaux
par Olivia Cooper-Hadjian
Les cinéastes ici cités prennent le parti d’adopter vis-à-vis de l’humain une distance à la mesure de celle qui nous sépare des autres animaux. Les bêtes y conservent tout leur mystère, et nous regagnons une partie du nôtre. Car n’est-il pas étrange d’envoyer des chiens dans l’espace ou d’imbriquer de minuscules insectes dans de grandes machines de pointe pour tenter de percer le secret de leur cognition, et peut-être de leur conscience ?
Si l’exploitation n’est pas absente de ces démarches, ces cinéastes la déjouent par leur geste et rétablissent un lien avec l’animal en se mettant physiquement à sa place : Elsa Kremser et Levin Peter suivent le parcours d’une meute de chiens errants, adoptant leur cadence, dans Space Dogs ; Maud Faivre et Marceau Boré montrent la solitude des insectes scrutés dans Modèle animal. Certains rapports sont plus ambigus, comme le montre Homing, où le dérèglement de l’environnement éveille un effort de réparation par des actes de soin.
Le respect qu’imposent les bêtes se mâtine d’envie, jusqu’à l’absurde : on s’imagine échapper à notre propre condition, en tentant d’imiter leurs talents musicaux dans Langue des oiseaux d’Érik Bullot, ou en s’identifiant à leur pouvoir de séduction dans Los que desean d’Elena López Riera.