CYCLE DE FILMS D'ACTION ... POLITIQUE
UN AUTRE MONDE EST POSSIBLE
Des films activistes, des films d'action politiques et populaires pour se restaurer un moral en berne par les temps qui courent… Un certain pan du cinéma documentaire d’aujourd’hui pour susciter de féconds débats citoyens.
Après "Le Corbeau, la cigale et les poulets", après "Comme des lions", deux autres films nécessaires: "La sociale" et "Food coop".
VENDREDI 28 AVRIL A 18H30 AU CSJC D'AJACCIO
Chemin de la Sposata (Ajaccio)
LA SOCIALE de Gilles Perret (2016, 84').
En racontant l’étonnante histoire de la Sécu, "La Sociale" rend justice à ses héros oubliés, mais aussi à une utopie toujours en marche, et dont bénéficient 66 millions de Français.
Un pavé dans la mare de ceux qui rêvent de vider la Sécurité Sociale de son esprit de solidarité et d'égalité.
Tarif : 6€. Ajaccio culture/corsica.doc : 5€. Chômeur, - de 25 ans et RSA : 4€. Séance suivie d'un débat autour d'un verre.
VENDREDI 5 MAI A 18H30 AU CSJC D'AJACCIO
Chemin de la Sposata (Ajaccio)
FOOD COOP de Tom Boothe (2017,
L’expérience du supermarché autogéré Park Slope Food Coop à New York, créé en 1973. Une coopérative alimentaire, un supermarché autogéré où 16 000 membres travaillent 3 heures par mois pour avoir le droit d’y acheter les meilleurs produits aux prix les moins chers. Une formidable expérience que le réalisateur a réitéré à Paris avec La Louve depuis novembre 2016.
Tarif : 6€. Ajaccio culture/corsica.doc : 5€. Chômeur, - de 25 ans et RSA : 4€. Séance suivie d'un débat autour d'un verre. Renseignements: 06 13 21 39 87
CORSICA.DOC
AU FORUM DES IMAGES
A PARIS
LE 9 JANVIER
Corsica.Doc sera à l’honneur au Forum des Images le 9 janvier à partir de 19h avec deux films de son édition 2017 : Vivre riche de Joel Akafou, prix CORSICA.DOC, précédé de Atlantiques de Mati Diop et Lutte jeunesse de Thierry de Peretti, film d’ouverture du festival, précédé de Le jour de ma mort de Thierry de Peretti.
Lutte Jeunesse
De Thierry de Peretti (2017, 58’, fr)
Une vie violente, le film de Thierry de Peretti sorti en 2017, partait d’un de ces faits divers émaillant les « guerres fratricides » entre nationalistes dans les années 90. Pour incarner le personnage principal, il a fallu un long travail de casting. Durant une année, Julie Allione a filmé ces candidats. Des centaines de jeunes Corses face caméra. Entre elle et eux, s’établit une conversation fébrile sur un des nœuds du film comme de leur vie : le rapport à la Corse. La belle intuition de Thierry de Peretti fut de comprendre que ce casting était aussi un film. Comme le hors-champ réel et bouillonnant du film de fiction. Avec ce documentaire se déplient les rapports de la jeunesse actuelle à leur île et à son histoire. Un déploiement aussi du champ du cinéma de la fiction au documentaire et retour… C’est ce document brut qui fait ici film, dans sa non-intention originelle de faire film.
Vivre riche
De Joel Akafou (2017, prix Corsica.Doc)
Rolex le Portugais et ses jeunes compagnons vivent d’une économie informelle, celle du « broutage », soit des arnaques sur Internet, en profitant des largesses pécuniaires de coeurs tendres en mal d'amour ou de sensations, qu'ils vont ensuite brûler dans les maquis (débits de boisson) ou les boîtes. Les protagonistes de Vivre Riche appartiennent à une jeunesse mutante, déboussolée par les années de guerre civile, qui entend ni plus ni moins « encaisser la dette coloniale ».
En 1998, Riace, en Calabre, a accueilli des centaines de réfugiés kurdes, réhabilitant le village touché par la désertification. Les prochaines élections vont-elles détruire ce bel exemple citoyen ?
20h30 : UN PAESE DI CALABRIA
de Catherine Catella et Shu Aiello
(90’, Fr/Ital, VOstf)
Comme tant d'autres villages subissant l'exode rural, Riace, petit village situé à l'extrême sud de l’Italie, s'éteignait peu à peu... Mais en 1998, un bateau transportant 300 Kurdes échoue sur ses plages. L’action spontanée de ses habitants, qui décident d’accueillir les migrants en réhabilitant les maisons abandonnées, modifiera profondément son avenir. Aujourd'hui Riace est considéré comme le village modèle d'accueil, par le projet Citta Futura. Mais l’heure est aux élections, et l’opposition (aidée par la mafia) veut se débarrasser du maire (de gauche). Les habitants vont-ils pouvoir défendre ce qu’ils ont courageusement reconstruit ?
En présence de la réalisatrice Catherine Catella
Un buffet permettra de se restaurer et de discuter à l’issue de la séance.
Billetterie Ellipse cinéma. Tarif plein: 6€.
Comme chaque année, la Cinémathèque de Corse reprend une partie du programme du festival CORSICA.DOC. Quatre films de la compétition et de la sélection "Musique!" 2016 seront programmés le 7 avril 2017 en après-midi et en soirée à Porto-Vecchio.
Vendredi 7 avril 2017 14h30
PARQUE LENIN
de I. Leemans & C. Mignon
France/Cuba, 2015, 1h15'
Antoin, Yesuan et Karla sont frères et soeurs. Antoin part à l’autre bout du monde réaliser son rêve : il sera chanteur lyrique. Yesuan et Karla, eux, restent à Cuba. Dans une magnifique chorégraphie triangulaire, Itziar Leemans et Carlos Mignon dressent un portrait de ces trois personnages, dignes d’une fiction intimiste.
Les codes du documentaire s’effacent, les frontières n’existent plus. Il est des personnages de fiction aussi vrais que des personnage réels. Il est des personnages réels aussi purs que des personnages de fiction. Avec Parque Lenin, Itziar Leemans et Carlos Mignon transcendent le genre du documentaire en nous plongeant dans le quo- tidien d’une fratrie, séparée brutalement comme le sont tant de familles lorsque l’un de leurs membres cherche à atteindre son rêve, ailleurs.
Vendredi 7 avril 16h30
Madame B
de Jero Yun
France, Corée du Sud • Documentaire • 2016 • 1h11
Alors qu’elle quitte clandestinement la Corée du Nord, Madame B est vendue de force à un paysan chinois par ses passeurs. Pour gagner sa vie en Chine et aider les siens restés en Corée du Nord, elle devient elle-même passeuse, trafiquante.
Elle réussit à faire passer sa famille en Corée du Sud et se lance à son tour avec un groupe de clandestins pour enfin vivre auprès de ses enfants... A l’image de ce début déboussolant, le film ne cessera de mettre à mal nos certitudes, de nous amener là où l’on ne s’y attend pas.
C’est dans ce maelström géopolitique entre la Corée du Nord, la Chine et la Corée du Sud, qu’il nous installe pour nous parler de liens humains, de liberté, d’amour.
Vendredi 7 avril 18h00
Plastic & Glass
de Tessa Joosse
Grande-Bretagne, 2009, 9'
Une usine de recyclage dans le Nord de la France. Les ouvriers se regroupent pour chanter en choeur, et même les camions les rejoignent, forment un ballet. Du fonctionnement des machines prodigieuses jusqu’au travail manuel de triage, le film montre le processus de recyclage et le bruit qui accompagne le travail devient une cadence, le son de l’usine un rythme constant...
Vendredi 7 avril 18h00
Bienvenue la chance
de Gaspard Hirschi & Emmanuel Lautréamont
France,2016 ,1h23'
Prix Corsica.doc / Via Stella 2016
Un turfiste abonné à la défaite décide de jouer son va-tout en achetant son propre cheval de course. Un ami dépressif se propose pour l’ac- compagner dans cette aventure de la dernière chance tandis qu’un coursier moustachu ne tarde pas à dénicher la perle rare. Comme on l’aurait parié, rien ne va se passer comme prévu. La vie, c’est pas du Monopoly. Les comédies documentaires sont rares, ce film en est une, mais une comédie qui vire amère évidemment. Les deux réalisateurs suivent nos pieds nickelés au plus près de leurs errances burlesques et existentielles. A l’ombre protectrice et sulfureuse de Charles Bukowski...
Vendredi 7 avril 20h30
Let’s get lost
de Bruce Weber
Etats-Unis,1988, 2h
avec : Chet Baker, William Claxton, Flea
Pendant les noires années d’une lente descente aux enfers dont il signa la fin, au mois de mai 1988, en passant par la fenêtre d’un hôtel miteux d’Amsterdam, Chet Baker n’est jamais parvenu à ruiner son image de jeune prince d’un éternel été. Au pays d’Elvis et de James Dean, l’apparition de Chet Baker fut un coup de foudre contre lequel le temps ne peut rien. Sa voix et sa musique fredonnaient un romantisme abyssal et sa gueule d’amour était à tomber. (...)
Bruce Weber a accompagné le trompettiste drogué dans la « ballade » poignante et pathétique de ses derniers mois. L’éclat funèbre de cette ballade en fait un film unique sur le mythe du « loser magnifique ». Et les mélodies restent - My funny Valentine, The thrill is gone-... Chet Baker est le plus beau fantôme qui pouvait nous apparaître.
(Laurent Rigoulet)
8
LE 18ème CORSICA.DOC: UNE EDITION MAJEURE
Le cinéma est un art jeune, et c’est un regard neuf qu’il porte sur les animaux. Non pas celui qui fut celui de la peinture, empreint de religion, de mysticisme ou de mythologie. Non, c’est un regard profondément troublé que porte les cinéastes sur les « non-humains », prolongeant en cela les interrogations des jeunes philosophes d’aujourd’hui. C’est, modestement, que nous esquisserons cette histoire d’un rapport Homme/Animal par les films choisis ici, en écho aux tableaux du Palais Fesch d’Ajaccio.
Les films de la compétition, eux, ne témoigneront pas moins des graves questions qui traversent notre temps. La guerre, la famille, la vieillesse… les jeunes cinéastes font feu de tout bois pour réaliser de puissants gestes cinématographiques.
Une arche de Noé cinématographique
par Federico Rossin
« Si aujourd’hui nous n’observons plus les animaux, eux n’ont pas cessé de le faire. Ils nous regardent car nous avons, depuis la nuit des temps, vécu en leur compagnie. Ils ont nourri nos rêves, habité nos légendes et donné un sens à nos origines. Ils portent à la fois notre différence et la trace de ce que nous croyons avoir perdu. »
John Berger, Pourquoi regarder les animaux ?
Cette programmation est une traversée à la fois ludique, pensive et visionnaire autour de l'univers des animaux, elle interroge et réactive la relation entre l’homme et l’animal, le lien qui au fil de l’histoire se voit transformé par les nouveaux rapports de production du XX e siècle, réduisant l’animal à l’état de bête avant d’en faire un simple produit de consommation. Mais une nouvelle conscience de la relation entre nous et les animaux commence à émerger depuis quelques années. Et comme toujours le cinéma est un merveilleux miroir pour comprendre notre société par le prisme de son imaginaire et de son esthétique.
Le parcours des séances est une surprenante Arche de Noé cinématographique dans laquelle le public ajaccien pourra faire à la fois une expérience de découverte et de partage. Si Werner Herzog interroge radicalement notre anthropomorphisme dans son Grizzly Man (2005), Frederick Wiseman avec son Zoo (1993) nous plonge dans un microcosme animal reconstruit artificiellement, en miroir ironique et impitoyable de notre société. Barbet Schroeder, dans son Koko, le gorille qui parle (1978), dresse un portrait drôle et terrible de notre fantasme d'omnipotence scientifique et éthique sur le monde animal. Roberto Rossellini a réalisé India (1959) de manière expérimentale : le résultat est une éblouissante tentative de décrire la relation durable et fructueuse entre les hommes et les animaux (éléphants, tigres, singes), à travers une structure à épisodes imprégnée d'une profonde empathie: un film qui nous réconcilie avec la Terre Mère (Matri Bhumi) et nous met au même niveau que tous les êtres vivants.
La distance qui nous sépare des animaux
par Olivia Cooper-Hadjian
Les cinéastes ici cités prennent le parti d’adopter vis-à-vis de l’humain une distance à la mesure de celle qui nous sépare des autres animaux. Les bêtes y conservent tout leur mystère, et nous regagnons une partie du nôtre. Car n’est-il pas étrange d’envoyer des chiens dans l’espace ou d’imbriquer de minuscules insectes dans de grandes machines de pointe pour tenter de percer le secret de leur cognition, et peut-être de leur conscience ?
Si l’exploitation n’est pas absente de ces démarches, ces cinéastes la déjouent par leur geste et rétablissent un lien avec l’animal en se mettant physiquement à sa place : Elsa Kremser et Levin Peter suivent le parcours d’une meute de chiens errants, adoptant leur cadence, dans Space Dogs ; Maud Faivre et Marceau Boré montrent la solitude des insectes scrutés dans Modèle animal. Certains rapports sont plus ambigus, comme le montre Homing, où le dérèglement de l’environnement éveille un effort de réparation par des actes de soin.
Le respect qu’imposent les bêtes se mâtine d’envie, jusqu’à l’absurde : on s’imagine échapper à notre propre condition, en tentant d’imiter leurs talents musicaux dans Langue des oiseaux d’Érik Bullot, ou en s’identifiant à leur pouvoir de séduction dans Los que desean d’Elena López Riera.