Paule Héradès débute comme journaliste, rejoint Pierre Lescure à la direction des Programmes de Radio Monte Carlo en 81, puis le suit pour la création de Canal+ en 84. Huit ans plus tard, elle lance avec Michel Thoulouze les chaines du câble puis satellite (Planete, Canal Jimmy, Cine-Cinemas, Cine-Classics ...). Elle reste 22 ans dans le groupe. Elle rejoint ensuite la Corse, devient producteur indépendant, participe à la création de la filière audiovisuelle, initie le congres des Producteurs Independants (APIMED 2005) à Ajaccio et rejoint en 2010 la direction de France3Corse/Via Stella.
Artiste, René Boutin est membre fondateur et directeur artistique du festival international du cinéma des peuples Ânûû-rû Âboro de Nouvelle Calédonie. Son implication dans les réflexions politiques, sociales et esthétiques du monde contemporain et dans la reconstruction post-coloniale de la Nouvelle-Calédonie, se manifeste à travers sa production plastique et son engagement culturel. Son œuvre polymorphe inclue installations et dispositifs autonomes sous forme de vidéos, photographies, peintures, dessins, sculptures, et textes. Ses questionnements portent sur notre capacité de résistance et d’action face aux modes de contrôle et de régulation du système libéral, à l’aliénation et à l’asservissement des images.
Julien de Casabianca est auteur, réalisateur, membre de l'ARP (présidée par Michel Hazanavicus). D'abord journaliste d'investigation pour L'Express puis le Sunday Times, il a publié quatre documents chez Plon et Flammarion avant d’intégrer La Marche du siècle de Jean-Marie Cavada. Il a ensuite rejoint la Rédaction nationale de France 2, où il a notamment lancé l'Affaire Elf-Helmut Kohl en France et Allemagne, puis est passé à France 3 en y suivant Hervé Brusini, Directeur de l'Information. Il y a participé à la création du magazine Pièces à Conviction, présenté par Elise Lucet.Il a réalisé des documentaires pour Arte (Coluche, la farce tranquille, 52’), France 3 (Un certain monsieur Alfred, 90’), avant de créer à Bastia sa société de production, Become.Il a réalisé une trentaine de vidéoclips et vidéodanses, vidéo-art. En 2010, Gao Xingjian, prix Nobel de littérature, lui a écrit, pour la première fois pour le cinéma, un court métrage, La Nuit après la pluie ( soutenu par la Collectivité Territoriale de Corse). En 2011, il réalise Passing By, long métrage sans scénario ni comédien ni mise en scène, uniquement filmé en passant parmi les passants dans 44 villes de 22 pays d’Europe (distribution Cargo Films, Jean-Jacques Beineix). En 2012 il réalise Il est arrivé quelque chose, au lendemain d’un assassinat survenu dans son entourage immédiat.
Documentariste et artiste, née en 1973 à Pari. Son travail est principalement axé autour d’une recherche documentaire, qui se développe au travers de films, de photographies et d’installations vidéo. Clarisse Hahn entretient une relation de grande proximité avec les personnes qu’elle filme, et les accompagne pendant une période relativement longue. Chacun de ses films est l’occasion de poursuivre sa recherche sur les communautés, les codes comportementaux et le rôle social du corps. Dans chacune de ses oeuvres, le corps est mis en question, interrogé comme lieu de médiation et frontière : contraint de diverses manières, mis en valeur, manipulé, caché, modifié par une gestuelle professionnelle ou raidi par des attitudes dictées par un rôle social.
Née à Alger, Anne-Marie Luccioni est diplômée en Biologie et Biochimie de l’Université de Montpellier. Elle a créé au début des années 80, un réseau de cinéma itinérant, Cinétine, réunissant une quarantaine de communes du sud de la France, et produit un programme mensuel, de documentaires et de court-métrages, pour ce réseau.Elle a ensuite fondé une société de production et travaillé comme productrice indépendante durant 15 ans, produisant des documentaires anthropologiques et de société. Depuis les années 2000, elle dirige le programme de formation européen EURODOC (Programmes Media & Media Mundus).Depuis 2011, elle co-dirige le programme DOCmed (dans le cadre du Programme Euromed Audiovisuel).Elle a été membre de diveres associations professionnelles en France et en Europe.Elle développe actuellement un projet de long-métrage, en tant que productrice associée aux Films d’Ici, “Le Gang des Antillais », de Jean-Claude Barny.
Productrice
Membre de la PROCIREP de 2005 à 2008
LE 18ème CORSICA.DOC: UNE EDITION MAJEURE
Le cinéma est un art jeune, et c’est un regard neuf qu’il porte sur les animaux. Non pas celui qui fut celui de la peinture, empreint de religion, de mysticisme ou de mythologie. Non, c’est un regard profondément troublé que porte les cinéastes sur les « non-humains », prolongeant en cela les interrogations des jeunes philosophes d’aujourd’hui. C’est, modestement, que nous esquisserons cette histoire d’un rapport Homme/Animal par les films choisis ici, en écho aux tableaux du Palais Fesch d’Ajaccio.
Les films de la compétition, eux, ne témoigneront pas moins des graves questions qui traversent notre temps. La guerre, la famille, la vieillesse… les jeunes cinéastes font feu de tout bois pour réaliser de puissants gestes cinématographiques.
Une arche de Noé cinématographique
par Federico Rossin
« Si aujourd’hui nous n’observons plus les animaux, eux n’ont pas cessé de le faire. Ils nous regardent car nous avons, depuis la nuit des temps, vécu en leur compagnie. Ils ont nourri nos rêves, habité nos légendes et donné un sens à nos origines. Ils portent à la fois notre différence et la trace de ce que nous croyons avoir perdu. »
John Berger, Pourquoi regarder les animaux ?
Cette programmation est une traversée à la fois ludique, pensive et visionnaire autour de l'univers des animaux, elle interroge et réactive la relation entre l’homme et l’animal, le lien qui au fil de l’histoire se voit transformé par les nouveaux rapports de production du XX e siècle, réduisant l’animal à l’état de bête avant d’en faire un simple produit de consommation. Mais une nouvelle conscience de la relation entre nous et les animaux commence à émerger depuis quelques années. Et comme toujours le cinéma est un merveilleux miroir pour comprendre notre société par le prisme de son imaginaire et de son esthétique.
Le parcours des séances est une surprenante Arche de Noé cinématographique dans laquelle le public ajaccien pourra faire à la fois une expérience de découverte et de partage. Si Werner Herzog interroge radicalement notre anthropomorphisme dans son Grizzly Man (2005), Frederick Wiseman avec son Zoo (1993) nous plonge dans un microcosme animal reconstruit artificiellement, en miroir ironique et impitoyable de notre société. Barbet Schroeder, dans son Koko, le gorille qui parle (1978), dresse un portrait drôle et terrible de notre fantasme d'omnipotence scientifique et éthique sur le monde animal. Roberto Rossellini a réalisé India (1959) de manière expérimentale : le résultat est une éblouissante tentative de décrire la relation durable et fructueuse entre les hommes et les animaux (éléphants, tigres, singes), à travers une structure à épisodes imprégnée d'une profonde empathie: un film qui nous réconcilie avec la Terre Mère (Matri Bhumi) et nous met au même niveau que tous les êtres vivants.
La distance qui nous sépare des animaux
par Olivia Cooper-Hadjian
Les cinéastes ici cités prennent le parti d’adopter vis-à-vis de l’humain une distance à la mesure de celle qui nous sépare des autres animaux. Les bêtes y conservent tout leur mystère, et nous regagnons une partie du nôtre. Car n’est-il pas étrange d’envoyer des chiens dans l’espace ou d’imbriquer de minuscules insectes dans de grandes machines de pointe pour tenter de percer le secret de leur cognition, et peut-être de leur conscience ?
Si l’exploitation n’est pas absente de ces démarches, ces cinéastes la déjouent par leur geste et rétablissent un lien avec l’animal en se mettant physiquement à sa place : Elsa Kremser et Levin Peter suivent le parcours d’une meute de chiens errants, adoptant leur cadence, dans Space Dogs ; Maud Faivre et Marceau Boré montrent la solitude des insectes scrutés dans Modèle animal. Certains rapports sont plus ambigus, comme le montre Homing, où le dérèglement de l’environnement éveille un effort de réparation par des actes de soin.
Le respect qu’imposent les bêtes se mâtine d’envie, jusqu’à l’absurde : on s’imagine échapper à notre propre condition, en tentant d’imiter leurs talents musicaux dans Langue des oiseaux d’Érik Bullot, ou en s’identifiant à leur pouvoir de séduction dans Los que desean d’Elena López Riera.