Inde, 2005, 83’, VO traduction simultanée
La nuit, dans un centre d’appels de Bombay, Namrata, Vandana et Oaref deviennent Naomi, Nikki et Osmond, pour répondre aux numéros verts ou vendre abonnements et assurances. Patience, style, accent impeccable et rentabilité, telles sont les règles. De quoi rêvent-ils, le jour ? Du lointain Eldorado américain, du business et du self-made man.
De Mercedes Alvarez
(Espagne, 2004, VO stf)
« Lorsque j'ai quitté La Aldea, j'avais trois ans. Mes parents se sont installés au Pays Basque, mais ils n'ont jamais cessé de me raconter des histoires du village, de parler des gens qui continuaient à y vivre et à y mourir. Je suis la dernière enfant à y être née, et ses habitants font partie de mon imaginaire et de ma mémoir », explique Mercedes Alvarez. Quand elle y est repartie pour filmer, elle se disait: « Il faut être là-bas et suivre la vie. ». Pour elle, l’écriture du film s’est faite au montage.
Pérou, 2006, 41’, VO traduction simultanée
En 1936, aux Jeux Olympiques de Berlin, l’équipe de football du Pérou bat l’Autriche et se qualifie pour la demi-finale. Des noirs et des métis l’emportent sur des footballeurs aryens. Une victoire inacceptable pour le IIIème Reich comme pour le Comité Olympique, qui annule le match. Sur les images de l’événement, le cinéaste repère une même expression, mélange indéfinissable de rage rentrée, de tristesse et de peur, où il décèle l’âme du Pérou : « Un pays pauvre est comme un mineur qui renonce à ses droits par peur d’être puni. » Les images d’une histoire confisquée, d’un pays abandonné à son sort par le reste du monde, d’une nation secouée au gré des turbulences du monde, survivant au jour le jour, et que plus personne ne gouverne.
Grèce, 2004, 11’, VO traduction simultanée
Chaque jour, la vieille dame converse avec son présentateur de télévision préféré…
Chine, 13’, 2005, VO traduction simultanée
« Quel jour sommes-nous ? ». C’est avec cette simple question que le cinéaste chinois Liu Wei a traversé, le 4 juin 2005, la place Tien An Men à Pékin. Sa petite caméra DV enregistre comme un banal « micro trottoir » de journal télévisé les passants interrogés. Les passants hésitent, parfois n’osent pas parler, parfois ne saisissent pas la malignité de la question. Qui se souvient de ce qui s’est passé il y a 16 ans sur la place Tien An Men ? Ce dispositif simplissime est un révélateur implacable de l’absence d’une liberté d’expression en Chine aujourd’hui. La plupart se dérobent ou restent silencieux ; nul n’ose évoquer directement la révolte étudiante cruellement réprimée par le gouvernement chinois en 1989.
A.P.G.
Mexique, 2004, 52’, VO traduction simultanée
Dans le désert de San Luis Potosi, une famille survit grâce à la capture d'animaux sauvages que piègent les hommes et les enfants. Au bord d'une route indifférente, les femmes les proposent ensuite aux passagers des belles voitures.
Etats Unis, 2004, 10’, en VO traduction simultanée
Premier documentaire filmé en téléphone portable ? Histoires courtes, drôles ou graves, où le portable tient le rôle principal. Par le chef-opérateur de Wim Wenders et Sofia Coppola (entre autres) et le co-réalisateur de Ken Park (Larry Clark, 2002).
France, 2005, 84’
De champs de bataille oubliés en cimetières de "soldats inconnus", deux anciens combattants vietnamiens cherchent les corps de leurs camarades disparus pour les rendre à leurs familles. Dans un présent parfois indifférent aux fantômes de l’histoire, ils rencontrent une femme encore hantée.
LE 18ème CORSICA.DOC: UNE EDITION MAJEURE
Le cinéma est un art jeune, et c’est un regard neuf qu’il porte sur les animaux. Non pas celui qui fut celui de la peinture, empreint de religion, de mysticisme ou de mythologie. Non, c’est un regard profondément troublé que porte les cinéastes sur les « non-humains », prolongeant en cela les interrogations des jeunes philosophes d’aujourd’hui. C’est, modestement, que nous esquisserons cette histoire d’un rapport Homme/Animal par les films choisis ici, en écho aux tableaux du Palais Fesch d’Ajaccio.
Les films de la compétition, eux, ne témoigneront pas moins des graves questions qui traversent notre temps. La guerre, la famille, la vieillesse… les jeunes cinéastes font feu de tout bois pour réaliser de puissants gestes cinématographiques.
Une arche de Noé cinématographique
par Federico Rossin
« Si aujourd’hui nous n’observons plus les animaux, eux n’ont pas cessé de le faire. Ils nous regardent car nous avons, depuis la nuit des temps, vécu en leur compagnie. Ils ont nourri nos rêves, habité nos légendes et donné un sens à nos origines. Ils portent à la fois notre différence et la trace de ce que nous croyons avoir perdu. »
John Berger, Pourquoi regarder les animaux ?
Cette programmation est une traversée à la fois ludique, pensive et visionnaire autour de l'univers des animaux, elle interroge et réactive la relation entre l’homme et l’animal, le lien qui au fil de l’histoire se voit transformé par les nouveaux rapports de production du XX e siècle, réduisant l’animal à l’état de bête avant d’en faire un simple produit de consommation. Mais une nouvelle conscience de la relation entre nous et les animaux commence à émerger depuis quelques années. Et comme toujours le cinéma est un merveilleux miroir pour comprendre notre société par le prisme de son imaginaire et de son esthétique.
Le parcours des séances est une surprenante Arche de Noé cinématographique dans laquelle le public ajaccien pourra faire à la fois une expérience de découverte et de partage. Si Werner Herzog interroge radicalement notre anthropomorphisme dans son Grizzly Man (2005), Frederick Wiseman avec son Zoo (1993) nous plonge dans un microcosme animal reconstruit artificiellement, en miroir ironique et impitoyable de notre société. Barbet Schroeder, dans son Koko, le gorille qui parle (1978), dresse un portrait drôle et terrible de notre fantasme d'omnipotence scientifique et éthique sur le monde animal. Roberto Rossellini a réalisé India (1959) de manière expérimentale : le résultat est une éblouissante tentative de décrire la relation durable et fructueuse entre les hommes et les animaux (éléphants, tigres, singes), à travers une structure à épisodes imprégnée d'une profonde empathie: un film qui nous réconcilie avec la Terre Mère (Matri Bhumi) et nous met au même niveau que tous les êtres vivants.
La distance qui nous sépare des animaux
par Olivia Cooper-Hadjian
Les cinéastes ici cités prennent le parti d’adopter vis-à-vis de l’humain une distance à la mesure de celle qui nous sépare des autres animaux. Les bêtes y conservent tout leur mystère, et nous regagnons une partie du nôtre. Car n’est-il pas étrange d’envoyer des chiens dans l’espace ou d’imbriquer de minuscules insectes dans de grandes machines de pointe pour tenter de percer le secret de leur cognition, et peut-être de leur conscience ?
Si l’exploitation n’est pas absente de ces démarches, ces cinéastes la déjouent par leur geste et rétablissent un lien avec l’animal en se mettant physiquement à sa place : Elsa Kremser et Levin Peter suivent le parcours d’une meute de chiens errants, adoptant leur cadence, dans Space Dogs ; Maud Faivre et Marceau Boré montrent la solitude des insectes scrutés dans Modèle animal. Certains rapports sont plus ambigus, comme le montre Homing, où le dérèglement de l’environnement éveille un effort de réparation par des actes de soin.
Le respect qu’imposent les bêtes se mâtine d’envie, jusqu’à l’absurde : on s’imagine échapper à notre propre condition, en tentant d’imiter leurs talents musicaux dans Langue des oiseaux d’Érik Bullot, ou en s’identifiant à leur pouvoir de séduction dans Los que desean d’Elena López Riera.