En partenariat avec SOS Méditerranée
A la fois lien et séparation entre les terres qui les bordent, la Méditerranée et l’Atlantique sont aujourd’hui le tombeau de milliers de réfugiés et de migrants. Deux cinéastes Gianfranco Rosi Fuocoammare et Idrissa Guiro Barcelone ou la mort ont filmé, chacun, l’une des deux rives. Au milieu, l’Aquarius, un bateau affrêté par l’association SOS Méditerranée, tente de sauver des vies.
Rejoindre l'Europe, coûte que coûte. Tel est l'unique horizon de la jeunesse de Thiaroye, ville côtière proche de Dakar, depuis que les chalutiers étrangers ont commencé à épuiser le poisson des côtes, privant de travail et de ressources la population locale. Chaque année, des milliers de jeunes hommes quittent leur pays en s'entassant sur de frêles pirogues à destination des îles Canaries. Au cours de ce long voyage, beaucoup trouvent la mort…
Prix corsica.doc 2008
Films suivis d’un débat avec Sophie Rahal, administratrice de SOS Méditerranée
Samuele a 12 ans et vit sur une île au milieu de la mer. Il va à l'école, adore tirer et chasser avec sa fronde. Il aime les jeux terrestres, même si tout autour de lui parle de la mer et des hommes, des femmes, des enfants qui tentent de la traverser pour rejoindre son île. Car il n'est pas sur une île comme les autres. Cette île s'appelle Lampedusa et c'est une frontière hautement symbolique de l'Europe, traversée ces 20 dernières années par des milliers de migrants en quête de liberté.
Le film a remporté l’Ours d’Or à la Berlinale 2016.
Tarif plein: 6€. Ajaccio culture et membres Corsica.Doc: 5€. Chômeur, - de 25 ans et RSA : 4€.
LE 25 MARS
A L'ESPACE DIAMANT
Deux portraits de presse : El Watan, quotidien d’information algérien indépendant et The New York review of books, la grande revue culturelle new-yorkaise.Deux films remarquables qui témoignent de l’enjeu démocratique et intellectuel que représente la presse indépendante. Outre le film de Malek BensmaÏl, "Contre-pouvoirs", sera présenté un film du cinéaste états-unien Martin Scorsese, "50 year argument" sur la revue "The New York review of Books".Le cinéaste algérien Malek Bensmaïl sera à l'Espace Diamant d'Ajaccio le vendredi 25 mars à 18h15 pour présenter son film "Contre-Pouvoirs", sur le quotidien El Watan. Un hymne à la presse libre comme outil de démocratie.
18h15
2015, 97’, France/Algérie
En 2014, Malek Bensmaïl a posé sa caméra au sein de la rédaction du célèbre quotidien indépendant algérien, El Watan, nécessaire contre-pouvoir à une démocratie vacillante, à l’heure où Bouteflika s’apprête à briguer un quatrième mandat. Une rencontre avec celles et ceux qui font le journal, leurs doutes, leurs contradictions, leur souci permanent de faire, depuis 25 ans, un journal libre et indépendant. Et ce, en dépit des pressions et des menaces.
En présence du réalisateur, Malek Bensmaïl.
2014, 95’, Etats-Unis
La New York Review of Books a été créée en 1963. Elle regorge d'articles sur la littérature et la culture, mais aussi sur l'économie et les sciences. Ses textes polémiques font de la NYRB une institution sans compromis, au cœur des débats culturels ou politiques. Scorsese recrée cette odyssée de l'écrit et de la pensée à travers images d'archives et scènes tournées dans les locaux de la revue, retraçant l'histoire et la naissance des articles écrits au fil du temps par Susan Sontag, Václav Havel ou encore Michael Chabon. Le tout au son de la musique de Miles Davis ou d'Ella Fitzgerald, chers au réalisateur.
5 MARS 2016
A L'ESPACE DIAMANT D'AJACCIO
Hommage à Chantal Akerman, cette grande cinéaste disparue à l'automne dernier, avec son dernier film, No home movie, accompagné de Letters home. Deux tête-à-tête bouleversants entre mère et fille.
18h15
2015, 115’, Belgique, couleurs. « Parce que ce film est avant tout un film sur ma mère, ma mère qui n'est plus.Sur cette femme arrivée en Belgique en 1938 fuyant la Pologne, les pogroms et les exactions. Cette femme qu'on ne voit que dans son appartement.Un appartement à Bruxelles. Un film sur le monde qui bouge et que ma mère ne voit pas. »(Chantal Akerman)
21h00
1986, 104’, France, couleurs. Le 11 février 1963, Sylvia Plath, poétesse américaine, trente ans, se donne la mort. Une longue et minutieuse correspondance la reliait jusque là à sa mère. François Merle avait monté un spectacle en 1984 autour de cette correspondance, une cantate à deux voix où celle de la mère et celle de la fille se confondaient, se répondaient, se séparaient ou se cherchaient. Chantal Akerman a suivi ce chemin, de la folie à la mort, un chemin constamment balisé par cet échange de voix fragiles, où se dit la difficulté d’écrire, les douleurs et les bonheurs de la vie d'amante et de mère. (Antoine de Baecque, Cahiers du cinéma, septembre 1987)
En présence de Claire Atherton, monteuse de chacun des deux films.
LE 17 MARS
A L'ESPACE DIAMANT D'AJACCIO
La chronique d'un enfant rom tiraillé entre ses oncles junkies, ses soeurs fragiles et sa mère nuisible... un formidable portrait signé Alexander Nanau.
diffusé sur Via Stella en février et mars 2016
Le documentaire Un endroit pour tout le monde, réalisé les cinéastes Angelo Rallis et Hans-Ulrich Gössl, sera diffusé sur Via Stella le 21 février à 2h12' (du matin!), puis le 2 mars à 1h51' du matin, et enfin le 10 mars à 15h12' (l'après-midi).
Ce film, primé lors de l'édition 2015 de Corsica.Doc explore la géographie humaine d’un village Rwandais deux décennies après le génocide. Survivants et meurtriers y vivent à nouveau côte à côte et la nouvelle génération grandit dans une société traumatisée, où un fragile processus de réconciliation est à l’oeuvre. Filmé sur quatre ans, il dresse le portrait de Tharcisse et Benoîte, deux jeunes Rwandais tiraillés entre amour et haine, désir de vengeance et pardon.
LE 18ème CORSICA.DOC: UNE EDITION MAJEURE
Le cinéma est un art jeune, et c’est un regard neuf qu’il porte sur les animaux. Non pas celui qui fut celui de la peinture, empreint de religion, de mysticisme ou de mythologie. Non, c’est un regard profondément troublé que porte les cinéastes sur les « non-humains », prolongeant en cela les interrogations des jeunes philosophes d’aujourd’hui. C’est, modestement, que nous esquisserons cette histoire d’un rapport Homme/Animal par les films choisis ici, en écho aux tableaux du Palais Fesch d’Ajaccio.
Les films de la compétition, eux, ne témoigneront pas moins des graves questions qui traversent notre temps. La guerre, la famille, la vieillesse… les jeunes cinéastes font feu de tout bois pour réaliser de puissants gestes cinématographiques.
Une arche de Noé cinématographique
par Federico Rossin
« Si aujourd’hui nous n’observons plus les animaux, eux n’ont pas cessé de le faire. Ils nous regardent car nous avons, depuis la nuit des temps, vécu en leur compagnie. Ils ont nourri nos rêves, habité nos légendes et donné un sens à nos origines. Ils portent à la fois notre différence et la trace de ce que nous croyons avoir perdu. »
John Berger, Pourquoi regarder les animaux ?
Cette programmation est une traversée à la fois ludique, pensive et visionnaire autour de l'univers des animaux, elle interroge et réactive la relation entre l’homme et l’animal, le lien qui au fil de l’histoire se voit transformé par les nouveaux rapports de production du XX e siècle, réduisant l’animal à l’état de bête avant d’en faire un simple produit de consommation. Mais une nouvelle conscience de la relation entre nous et les animaux commence à émerger depuis quelques années. Et comme toujours le cinéma est un merveilleux miroir pour comprendre notre société par le prisme de son imaginaire et de son esthétique.
Le parcours des séances est une surprenante Arche de Noé cinématographique dans laquelle le public ajaccien pourra faire à la fois une expérience de découverte et de partage. Si Werner Herzog interroge radicalement notre anthropomorphisme dans son Grizzly Man (2005), Frederick Wiseman avec son Zoo (1993) nous plonge dans un microcosme animal reconstruit artificiellement, en miroir ironique et impitoyable de notre société. Barbet Schroeder, dans son Koko, le gorille qui parle (1978), dresse un portrait drôle et terrible de notre fantasme d'omnipotence scientifique et éthique sur le monde animal. Roberto Rossellini a réalisé India (1959) de manière expérimentale : le résultat est une éblouissante tentative de décrire la relation durable et fructueuse entre les hommes et les animaux (éléphants, tigres, singes), à travers une structure à épisodes imprégnée d'une profonde empathie: un film qui nous réconcilie avec la Terre Mère (Matri Bhumi) et nous met au même niveau que tous les êtres vivants.
La distance qui nous sépare des animaux
par Olivia Cooper-Hadjian
Les cinéastes ici cités prennent le parti d’adopter vis-à-vis de l’humain une distance à la mesure de celle qui nous sépare des autres animaux. Les bêtes y conservent tout leur mystère, et nous regagnons une partie du nôtre. Car n’est-il pas étrange d’envoyer des chiens dans l’espace ou d’imbriquer de minuscules insectes dans de grandes machines de pointe pour tenter de percer le secret de leur cognition, et peut-être de leur conscience ?
Si l’exploitation n’est pas absente de ces démarches, ces cinéastes la déjouent par leur geste et rétablissent un lien avec l’animal en se mettant physiquement à sa place : Elsa Kremser et Levin Peter suivent le parcours d’une meute de chiens errants, adoptant leur cadence, dans Space Dogs ; Maud Faivre et Marceau Boré montrent la solitude des insectes scrutés dans Modèle animal. Certains rapports sont plus ambigus, comme le montre Homing, où le dérèglement de l’environnement éveille un effort de réparation par des actes de soin.
Le respect qu’imposent les bêtes se mâtine d’envie, jusqu’à l’absurde : on s’imagine échapper à notre propre condition, en tentant d’imiter leurs talents musicaux dans Langue des oiseaux d’Érik Bullot, ou en s’identifiant à leur pouvoir de séduction dans Los que desean d’Elena López Riera.