Ce Cher Mois d'Août (147') de Miguel Gomes (2008)
Nous (30') d'Artavazd Pelechian Les Saisons (30') & Notre siècle (50') d'A.Pelechian
Un Dragon dans les eaux pures du Caucase (90') de Nino Kirtadze
Dites à mes amis que je suis mort (87') de Nino Kirtadze
Puisque nous sommes nés (90') de JP Duret et Andrea Santana
Le Village des fous (90') de Nino Kirtadze
En vérité de Isabelle Erchoff (31') Barcelone ou la mort de Idrissa Guiro (49')
Fils de Lip de T. Faverjon (51')
Bon papa, un homme sous l'occupation de Leïla Féralt (69')
Victoire Terminus de R. Barret
F. de la Tullaye (80')
Guy Gilles de Gaël Lépingle
Avec le cineaste Miguel Gomes &
Nino Kirtadze
Gare du Nord (16') & Moi, un Noir (73') de Jean Rouch
Mosso, Mosso (73') de Jean-André Fieschi
Koto corse (60') de Yann Dedet
Emerald (11') de A. Weeraserthakul
Lettre à la prison (70') de Marc Scialom
Au loin des villages (75') de Olivier Zuchuat
Grève générale de M.Chatellier et D. de Felice (97')
L'innocence d'Adrien Charmot (63')
Mickaela & Reinhardt de Casanova & Estrem-Mongouste (35')
Le temps des femmes de F. Turkuaz (52')
Les secrets de T. Quéméré (26')
La vie de château de F. Devillez (57')
Film: Stolen art de Simon Backès (57')
Terre terra terrae de A. Ghizelings (50')
Avec les cinéastes :
JP Duret
Jean-André Fieschi
Yann Dedet
Essai d'ouverture (15') & Genèse d'un repas (117') de Luc Moullet
Eux et moi (63') de Stéphane Breton
L'île aux fleurs (13') de Jorge Furtado
Fata Morgana (54') de A. Lappsui et M. Lamoskalliu
VHS Kalhoucha (80') de Nejib Balkabhi
Symphonie Paysanne (100') de Henri Storck
At the Datcha (30') de Thierry Paladino
Un petit monastère en Toscane (54') de Otar Iosselliani
Eclairs d'été (80') de Nicos Ligouris
Symphonie Paysanne (100') de Henri Storck
Eclairs d'été (80') de Nicos Ligouris
Pour un seul de mes deux yeux (100') de Avi Mograbi
Les hommes (95') d'Ariane Michel
Bergers d'Orgosolo (11') & Bandits d'Orgosolo (98') de Vittorio de Seta
Joe Leahy's neighbours (90') de Bob Connolly et Robin Anderson
Le jour du pain (55') de Serguei Dvortzevoi
Le goût du koumiz (55') de Xavier Christiaens
No London today (77') de Delphine Deloget
Tabu (90') de F. W. Murnau et Robert Flaherty
Projection des deux films primés à la compétition
LE 18ème CORSICA.DOC: UNE EDITION MAJEURE
Le cinéma est un art jeune, et c’est un regard neuf qu’il porte sur les animaux. Non pas celui qui fut celui de la peinture, empreint de religion, de mysticisme ou de mythologie. Non, c’est un regard profondément troublé que porte les cinéastes sur les « non-humains », prolongeant en cela les interrogations des jeunes philosophes d’aujourd’hui. C’est, modestement, que nous esquisserons cette histoire d’un rapport Homme/Animal par les films choisis ici, en écho aux tableaux du Palais Fesch d’Ajaccio.
Les films de la compétition, eux, ne témoigneront pas moins des graves questions qui traversent notre temps. La guerre, la famille, la vieillesse… les jeunes cinéastes font feu de tout bois pour réaliser de puissants gestes cinématographiques.
Une arche de Noé cinématographique
par Federico Rossin
« Si aujourd’hui nous n’observons plus les animaux, eux n’ont pas cessé de le faire. Ils nous regardent car nous avons, depuis la nuit des temps, vécu en leur compagnie. Ils ont nourri nos rêves, habité nos légendes et donné un sens à nos origines. Ils portent à la fois notre différence et la trace de ce que nous croyons avoir perdu. »
John Berger, Pourquoi regarder les animaux ?
Cette programmation est une traversée à la fois ludique, pensive et visionnaire autour de l'univers des animaux, elle interroge et réactive la relation entre l’homme et l’animal, le lien qui au fil de l’histoire se voit transformé par les nouveaux rapports de production du XX e siècle, réduisant l’animal à l’état de bête avant d’en faire un simple produit de consommation. Mais une nouvelle conscience de la relation entre nous et les animaux commence à émerger depuis quelques années. Et comme toujours le cinéma est un merveilleux miroir pour comprendre notre société par le prisme de son imaginaire et de son esthétique.
Le parcours des séances est une surprenante Arche de Noé cinématographique dans laquelle le public ajaccien pourra faire à la fois une expérience de découverte et de partage. Si Werner Herzog interroge radicalement notre anthropomorphisme dans son Grizzly Man (2005), Frederick Wiseman avec son Zoo (1993) nous plonge dans un microcosme animal reconstruit artificiellement, en miroir ironique et impitoyable de notre société. Barbet Schroeder, dans son Koko, le gorille qui parle (1978), dresse un portrait drôle et terrible de notre fantasme d'omnipotence scientifique et éthique sur le monde animal. Roberto Rossellini a réalisé India (1959) de manière expérimentale : le résultat est une éblouissante tentative de décrire la relation durable et fructueuse entre les hommes et les animaux (éléphants, tigres, singes), à travers une structure à épisodes imprégnée d'une profonde empathie: un film qui nous réconcilie avec la Terre Mère (Matri Bhumi) et nous met au même niveau que tous les êtres vivants.
La distance qui nous sépare des animaux
par Olivia Cooper-Hadjian
Les cinéastes ici cités prennent le parti d’adopter vis-à-vis de l’humain une distance à la mesure de celle qui nous sépare des autres animaux. Les bêtes y conservent tout leur mystère, et nous regagnons une partie du nôtre. Car n’est-il pas étrange d’envoyer des chiens dans l’espace ou d’imbriquer de minuscules insectes dans de grandes machines de pointe pour tenter de percer le secret de leur cognition, et peut-être de leur conscience ?
Si l’exploitation n’est pas absente de ces démarches, ces cinéastes la déjouent par leur geste et rétablissent un lien avec l’animal en se mettant physiquement à sa place : Elsa Kremser et Levin Peter suivent le parcours d’une meute de chiens errants, adoptant leur cadence, dans Space Dogs ; Maud Faivre et Marceau Boré montrent la solitude des insectes scrutés dans Modèle animal. Certains rapports sont plus ambigus, comme le montre Homing, où le dérèglement de l’environnement éveille un effort de réparation par des actes de soin.
Le respect qu’imposent les bêtes se mâtine d’envie, jusqu’à l’absurde : on s’imagine échapper à notre propre condition, en tentant d’imiter leurs talents musicaux dans Langue des oiseaux d’Érik Bullot, ou en s’identifiant à leur pouvoir de séduction dans Los que desean d’Elena López Riera.