LA COMPETITION NOUVEAUX TALENTS 2023
Les jurys de la compétition Nouveaux Talents 2023
Le jury professionnel
Charles Tesson
Président du jury
Charles Tesson est le vice-président du Syndicat Français de la Critique de Cinéma. Il a été le délégué général de la Semaine de la Critique au festival de Cannes de 2012 à 2021. Il a présidé l’Aide aux Cinémas du monde (CNC-Institut Français) de 2016 à 2021. Il a été rédacteur en chef des Cahiers du cinéma (1998-2003). Il est professeur d’histoire et d’esthétique du cinéma à l’université de la Sorbonne nouvelle (Paris III). Il a publié plusieurs livres et essais sur le cinéma.
Olivia Cooper-Hadjian
Elle a collaboré à la revue en ligne Critikat avant de rejoindre le comité de rédaction des Cahiers du cinéma en 2020. Depuis 2008, elle a participé à l’organisation et à la programmation de différents festivals de cinéma. Elle est membre du comité de sélection de Cinéma du réel depuis 2014 et coordinatrice de la sélection depuis 2017. Elle est également programmatrice pour la plateforme Tënk, dédiée au documentaire de création.
Robert Colonna d'Istria
Tour à tour enseignant, chasseur de têtes, inspecteur des sites et des monuments historiques, fonctionnaire régional, directeur d’école de commerce, journaliste, Robert Colonna d’Istria est depuis toujours un écrivain. Il a publié de la poésie, des livres d’histoire, des essais, récits de voyages, exercices d’admiration, et notamment Une famille corse. 1200 ans de solitude (collection « Terre humaine » chez Plon, 2018). Son dernier roman, La Maison, vient de paraître chez Actes Sud.
Marie-Ange Fanton Paoletti
Elle s’initie au théâtre dès l’âge de 15 ans, suivra plus tard des études de lettres et civilisations étrangères et fera la connaissance du jeune dramaturge espagnol, Miguel Palacios, avec qui elle aiguisera son goût pour le théâtre contemporain. Elle joue pour différentes compagnies et tourne en 2021 dans Little Wing, court métrage de Lauren Ramecourt. Formée par le scénariste Vincent Ravalec, elle travaille actuellement sur l’écriture de son premier court- métrage. Et elle travaille, depuis 2009, au sein de l’Union Territoriale Corse.
Marie-Hélène Folacci
Après une licence d’espagnol Marie-Hélène Folacci s’oriente dès les années 80 vers le cinéma. Elle y débute comme assistante-monteuse sur plusieurs longs-métrages. Après avoir suivi le parcours traditionnel d’apprentissage du montage en 35 et 16 mm, elle privilégie alors le cinéma documentaire, et va collaborer par la suite comme monteuse à plusieurs projets destinés à la case documentaire de TF1. Elle rentre en Corse en 1991 et intègre France 3 Corse. Elle y travaille pour l’actualité et pour les documentaires du magazine « Da qui » puis de l’émission « Ghjenti ». Depuis 2017, elle travaille à Via Stella en tant qu'adjointe de production à la promotion des documentaires produits par la chaîne et à leur diffusion dans les festivals.
Le jury jeune
Le jury jeune est composé cette année de 2 étudiants étrangers de l'université de Corte:
- Veracierta Sebastian (vénézuelien)
- David Ovidiu-Daniel (roumain)
Et de trois élèves de 1ère du Lycée Fesch d'Ajaccio:
- Maëline Mercier
- Enola Massoc
- Marc-Antoine Fauconnier
Les films de la compétition Nouveaux Talents 2023
|
||
LE 18ème CORSICA.DOC: UNE EDITION MAJEURE
Le cinéma est un art jeune, et c’est un regard neuf qu’il porte sur les animaux. Non pas celui qui fut celui de la peinture, empreint de religion, de mysticisme ou de mythologie. Non, c’est un regard profondément troublé que porte les cinéastes sur les « non-humains », prolongeant en cela les interrogations des jeunes philosophes d’aujourd’hui. C’est, modestement, que nous esquisserons cette histoire d’un rapport Homme/Animal par les films choisis ici, en écho aux tableaux du Palais Fesch d’Ajaccio.
Les films de la compétition, eux, ne témoigneront pas moins des graves questions qui traversent notre temps. La guerre, la famille, la vieillesse… les jeunes cinéastes font feu de tout bois pour réaliser de puissants gestes cinématographiques.
Une arche de Noé cinématographique
par Federico Rossin
« Si aujourd’hui nous n’observons plus les animaux, eux n’ont pas cessé de le faire. Ils nous regardent car nous avons, depuis la nuit des temps, vécu en leur compagnie. Ils ont nourri nos rêves, habité nos légendes et donné un sens à nos origines. Ils portent à la fois notre différence et la trace de ce que nous croyons avoir perdu. »
John Berger, Pourquoi regarder les animaux ?
Cette programmation est une traversée à la fois ludique, pensive et visionnaire autour de l'univers des animaux, elle interroge et réactive la relation entre l’homme et l’animal, le lien qui au fil de l’histoire se voit transformé par les nouveaux rapports de production du XX e siècle, réduisant l’animal à l’état de bête avant d’en faire un simple produit de consommation. Mais une nouvelle conscience de la relation entre nous et les animaux commence à émerger depuis quelques années. Et comme toujours le cinéma est un merveilleux miroir pour comprendre notre société par le prisme de son imaginaire et de son esthétique.
Le parcours des séances est une surprenante Arche de Noé cinématographique dans laquelle le public ajaccien pourra faire à la fois une expérience de découverte et de partage. Si Werner Herzog interroge radicalement notre anthropomorphisme dans son Grizzly Man (2005), Frederick Wiseman avec son Zoo (1993) nous plonge dans un microcosme animal reconstruit artificiellement, en miroir ironique et impitoyable de notre société. Barbet Schroeder, dans son Koko, le gorille qui parle (1978), dresse un portrait drôle et terrible de notre fantasme d'omnipotence scientifique et éthique sur le monde animal. Roberto Rossellini a réalisé India (1959) de manière expérimentale : le résultat est une éblouissante tentative de décrire la relation durable et fructueuse entre les hommes et les animaux (éléphants, tigres, singes), à travers une structure à épisodes imprégnée d'une profonde empathie: un film qui nous réconcilie avec la Terre Mère (Matri Bhumi) et nous met au même niveau que tous les êtres vivants.
La distance qui nous sépare des animaux
par Olivia Cooper-Hadjian
Les cinéastes ici cités prennent le parti d’adopter vis-à-vis de l’humain une distance à la mesure de celle qui nous sépare des autres animaux. Les bêtes y conservent tout leur mystère, et nous regagnons une partie du nôtre. Car n’est-il pas étrange d’envoyer des chiens dans l’espace ou d’imbriquer de minuscules insectes dans de grandes machines de pointe pour tenter de percer le secret de leur cognition, et peut-être de leur conscience ?
Si l’exploitation n’est pas absente de ces démarches, ces cinéastes la déjouent par leur geste et rétablissent un lien avec l’animal en se mettant physiquement à sa place : Elsa Kremser et Levin Peter suivent le parcours d’une meute de chiens errants, adoptant leur cadence, dans Space Dogs ; Maud Faivre et Marceau Boré montrent la solitude des insectes scrutés dans Modèle animal. Certains rapports sont plus ambigus, comme le montre Homing, où le dérèglement de l’environnement éveille un effort de réparation par des actes de soin.
Le respect qu’imposent les bêtes se mâtine d’envie, jusqu’à l’absurde : on s’imagine échapper à notre propre condition, en tentant d’imiter leurs talents musicaux dans Langue des oiseaux d’Érik Bullot, ou en s’identifiant à leur pouvoir de séduction dans Los que desean d’Elena López Riera.