Sur les 19 films en competition, le jury Corsica.Doc (président: Thierry Garrel) a récompensé Honk un film d’Arnaud Gaillard et Florent Vassault, et donné une mention à Bakoroman de Simplice Ganou. Le jury “jeune public” a primé En apparence de Maxime Moriceau. Et, pour la première fois, un prix du public, doté par la Ville d’Ajaccio, a recompensé Bîr d’eau de Djamil Beloucif.
A travers trois portraits croisés, voyage au coeur de la peine de mort aux Etats-Unis.
Quitter sa famille à 7 ans, à 12 ans, à 16 ans. Partir en terrain inconnu. Elire domicile devant un magasin, dans un vidéo club, aux abords d’une gare routière. Apprendre à se droguer, à mendier, à voler, à fuir, à se battre, à ne plus avoir peur. Se faire des amis et des ennemis. Intégrer un nouveau monde. S’adapter. Ce film fait, de l’intérieur, le portrait particulier de quelques Bakoroman de Gounghin, un quartier central de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso.
Journée ordinaire d’une rue d’Alger où un film se fait et se défait sous le regard d’une caméra.
Chevalier des Arts et des Lettres, Thierry Garrel a choisi depuis plus de quarante ans de défendre et de cultiver une télévision d'auteurs et de créateurs engagés dans leur époque - une télévision de service public ambitieuse et audacieuse. Entré à 20 ans au Service de la Recherche de l'ORTF. Il a été responsable des documentaires et jeunes auteurs à l'INA, de 1975 à 1986, puisl a dirigé de 1987 à 2008 l'Unité de Programme Documentaires de la Sept et d'ARTE France, y a soutenu et développé des séries mémorables - de Palettes à Cinéma, de notre temps, de Corpus Christi à Série Noire au Crédit Lyonnais, de Mémoires d'ex aux Hommes de la Maison Blanche-, en même temps que la collection « grand format », qui compte plus de 200 films documentaires de long métrage primés dans le monde entier. Il a accompagné depuis l'origine des documentaristes aujourd'hui consacrés et a travaillé avec les maîtres mondiaux du documentaire, sans négliger de soutenir les premiers pas de tout jeunes auteurs. Il a ainsi contribué à la renaissance en France et en Europe du genre documentaire dans sa diversité en i temps qu'à l'émergence d'un secteur de production indépendante ouvert sur l'internat Depuis 2009, il travaille comme consultant et anime internationalement des séminaires et des ateliers destinés aux jeunes créateurs et professionnels du documentaire.
Président des Ateliers Varan de formation au cinéma documentaire, journaliste de radio et de télévision. Directeur des programmes de création et de recherche de l'INA de 1975 à 1999. Durant ces 25 ans plus de 1400 films y ont été produits par 600 réalisateurs venus du cinéma mais également du théâtre, de la photographie, des arts plastiques, de la danse, de l'écriture... Cette production comportant bon nombre de premiers films s'est intéressée à tout les genres: fiction, animation, films de théâtre et d'opéra, et particulièrement à toute la gamme des films documentaires réalisés entre autres par Chantai Akerman, José Berzosa, Pierre Béni, Robert Bober, Dominique Cabrera, Jean-Louis Comolli, Carmen Castillo, Jean-Noël Cristi.ini. tache, Jean-Luc Godard, Dominique Gros, Benoit Jacquot, Robert Kramer, Jeanne Labrune, Gérard Mordillât, Nicolas Philibert, Rithy Panh, Raul Ruiz, Hugo Santiago, Pierre Zucca... Eurofipa d'honneur 2000. Depuis 2000, participation à l'activité de plusieurs associations de promotion du cinéma documentaire (Président des Amis du Festival Cinéma du Réel, de généraux du documentaire de Lussas...)
Idrissa Guiro Luccioni entreprend très jeune un tour du monde et prend gout à la photographie. Après des études en journalisme puis en Arts Plastiques. Il commence à travailler comme photographe, à Paris puis aux États-Unis. De retour en France, il travaille ensuite comme caméraman puis réalise une dizaine de magazines pour la télévision avant de se tourner vers le cinéma documentaire. Barcelone ou la mort, son premier documentaire de création (Prix Louis Marcorelles, Cinéma du Réel 2008), a été primé dans de nombreux festivals Internationaux. Avec Mélanie Pavy, co-auteur du film "Cendres", II est le nouveau Lauréat, dans la catégorie audiovisuelle de la prestigieuse Villa Kujoyama (Villa Médicis asiatique). Ensemble, ils y effectueront une résidence de sept mois à Kyoto à partir de Janvier 2012. En 2011, Idrissa est également lauréat de la Fondation Beaumarchais pour un scénario de fiction qui se déroule en Corse et dont il termine actuellement l'écriture.
Productrice artistique à France 3 Corse depuis 2002. Elle.a réalisé nombre de documentaires pour le Magazine Ghjente de France 3 Corse de 1999 Jusqu'en 2002 après avoir collaboré avec la chaine
pour des traductions en langue corse. Elle a également été correspondante locale de Radio France. Elle est titulaire d'un DESS Communication appliquée à la valorisation des ressources régionales,
d'un DEA Langue et civilisation Corses, d'une Maitrise Langue et Civilisation Corses.
Vannina Bernard Leoni est née en 1979 à Bastia, où elle a grandit et passe le bac. Puis, Adepte des glissements disciplinaires et géographiques, elle étudie l'histoire, obtient l'agrégation d'italien, revient à l'école des Hautes Sciences Sociales pour un doctorat de géographie culturelle. Elle a vécu et travaillé en France, en Italie, au Mexique et au Japon, puis baguenaudé beaucoup ailleurs. A la croisée de ses errances, en 2007, elle crée la revue transculturelle Fora !, qui s'emploie à conjuguer engagement en Corse et désir du monde. Objet comparatiste, outil de vulgarisation en sciences humaines et sociales mais aussi support d'exploration de la création contemporaine insulaire, Fora ! compte à ce jour 9 numéros (dernier paru, Corse-Chine, octobre 2011, www.revue-fora.org). Rentrée en Corse en 2010, Vannina Bernard-Leoni vit aujourd'hui à Corte où elle dirige la Fondation de l'Université de Corse-Pasquale Paoli, qui sert la relation université-société.
LE 18ème CORSICA.DOC: UNE EDITION MAJEURE
Le cinéma est un art jeune, et c’est un regard neuf qu’il porte sur les animaux. Non pas celui qui fut celui de la peinture, empreint de religion, de mysticisme ou de mythologie. Non, c’est un regard profondément troublé que porte les cinéastes sur les « non-humains », prolongeant en cela les interrogations des jeunes philosophes d’aujourd’hui. C’est, modestement, que nous esquisserons cette histoire d’un rapport Homme/Animal par les films choisis ici, en écho aux tableaux du Palais Fesch d’Ajaccio.
Les films de la compétition, eux, ne témoigneront pas moins des graves questions qui traversent notre temps. La guerre, la famille, la vieillesse… les jeunes cinéastes font feu de tout bois pour réaliser de puissants gestes cinématographiques.
Une arche de Noé cinématographique
par Federico Rossin
« Si aujourd’hui nous n’observons plus les animaux, eux n’ont pas cessé de le faire. Ils nous regardent car nous avons, depuis la nuit des temps, vécu en leur compagnie. Ils ont nourri nos rêves, habité nos légendes et donné un sens à nos origines. Ils portent à la fois notre différence et la trace de ce que nous croyons avoir perdu. »
John Berger, Pourquoi regarder les animaux ?
Cette programmation est une traversée à la fois ludique, pensive et visionnaire autour de l'univers des animaux, elle interroge et réactive la relation entre l’homme et l’animal, le lien qui au fil de l’histoire se voit transformé par les nouveaux rapports de production du XX e siècle, réduisant l’animal à l’état de bête avant d’en faire un simple produit de consommation. Mais une nouvelle conscience de la relation entre nous et les animaux commence à émerger depuis quelques années. Et comme toujours le cinéma est un merveilleux miroir pour comprendre notre société par le prisme de son imaginaire et de son esthétique.
Le parcours des séances est une surprenante Arche de Noé cinématographique dans laquelle le public ajaccien pourra faire à la fois une expérience de découverte et de partage. Si Werner Herzog interroge radicalement notre anthropomorphisme dans son Grizzly Man (2005), Frederick Wiseman avec son Zoo (1993) nous plonge dans un microcosme animal reconstruit artificiellement, en miroir ironique et impitoyable de notre société. Barbet Schroeder, dans son Koko, le gorille qui parle (1978), dresse un portrait drôle et terrible de notre fantasme d'omnipotence scientifique et éthique sur le monde animal. Roberto Rossellini a réalisé India (1959) de manière expérimentale : le résultat est une éblouissante tentative de décrire la relation durable et fructueuse entre les hommes et les animaux (éléphants, tigres, singes), à travers une structure à épisodes imprégnée d'une profonde empathie: un film qui nous réconcilie avec la Terre Mère (Matri Bhumi) et nous met au même niveau que tous les êtres vivants.
La distance qui nous sépare des animaux
par Olivia Cooper-Hadjian
Les cinéastes ici cités prennent le parti d’adopter vis-à-vis de l’humain une distance à la mesure de celle qui nous sépare des autres animaux. Les bêtes y conservent tout leur mystère, et nous regagnons une partie du nôtre. Car n’est-il pas étrange d’envoyer des chiens dans l’espace ou d’imbriquer de minuscules insectes dans de grandes machines de pointe pour tenter de percer le secret de leur cognition, et peut-être de leur conscience ?
Si l’exploitation n’est pas absente de ces démarches, ces cinéastes la déjouent par leur geste et rétablissent un lien avec l’animal en se mettant physiquement à sa place : Elsa Kremser et Levin Peter suivent le parcours d’une meute de chiens errants, adoptant leur cadence, dans Space Dogs ; Maud Faivre et Marceau Boré montrent la solitude des insectes scrutés dans Modèle animal. Certains rapports sont plus ambigus, comme le montre Homing, où le dérèglement de l’environnement éveille un effort de réparation par des actes de soin.
Le respect qu’imposent les bêtes se mâtine d’envie, jusqu’à l’absurde : on s’imagine échapper à notre propre condition, en tentant d’imiter leurs talents musicaux dans Langue des oiseaux d’Érik Bullot, ou en s’identifiant à leur pouvoir de séduction dans Los que desean d’Elena López Riera.